Foodtrucks: rien ne va plus à l'EPFL!

FOODTRUCKS • A l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), la polémique qui entoure l’appel d’offres relatif au village de foodtrucks provoque remous, bruits de couloir et incompréhensions. En cause: des critères de soumission irréalistes.

  • Les tenanciers de foodtrucks invitent à signer la pétition «Sauvons les roulottes de l’EPFL». MISSON

    Les tenanciers de foodtrucks invitent à signer la pétition «Sauvons les roulottes de l’EPFL». MISSON

«Nous attendons que l’EPFL publie un appel d’offres qui donne ses chances à tout le monde»

Gérant de la roulotte Li Beirut

Sur le campus de l’EPFL règne visiblement une atmosphère peu propice aux études. Mais loin des pupitres, c’est... dans les fourneaux que la polémique fait rage. En prévision de la rentrée universitaire, qui aura lieu mardi, des affiches ont été préparées par les tenanciers des roulottes, déjà visibles sur leurs véhicules, invitant quiconque fréquentant le campus à signer une pétition en ligne intitulée «Sauvons les roulottes de l’EPFL». Leur espoir: interpeller, montrer le soutien qui leur est porté par la communauté estudiantine et dénoncer un appel d’offres qui ne leur laissait aucune chance.

Sentiment d’injustice

Les exploitants se sentent floués. Tous semblaient convaincus qu’ils auraient la possibilité de se présenter une fois que l’EPFL aurait publié son appel d’offres. Mais à la vue du dossier, force était de constater que seuls, ils ne pouvaient rien faire. Trop d’exigences relatives à la qualité et à la provenance des denrées – malgré les mesures déjà mises en place par beaucoup et leur volonté de répondre à des critères de durabilité – mais surtout, manque de ressources et de compétences pour constituer un dossier qui réponde aux exigences, notamment celle qui veut qu’un seul intermédiaire représente et gère tous les foodtrucks du site. Autrement dit: la personne ou société répondante doit être capable d’assumer six roulottes.

Bien que menacés, beaucoup osent espérer que le vent tournera. «Nous attendons que l’EPFL publie un appel d’offres qui donne ses chances à tout le monde», indique le gérant de la roulotte Li Beirut. Et il est vrai que les dés ne semblent pas tirés d’avance. Alors que le jury est en période de délibération à propos des candidatures reçues, une source anonyme* soupçonne qu’aucun dossier ne détienne les critères de l’EPFL. «Tout le monde semble faire n’importe quoi. Je serais heureux qu’il y ait un «deuxième tour»; les roulottes étaient mal armées pour répondre à cet appel d’offres, mais si elles montent une association, elles peuvent avoir leurs chances.»

L’EPFL, face à la demande de plusieurs indépendants, leur avait d’ailleurs accordé le droit de se réunir en association pour présenter un dossier. Une possibilité que les exploitants de foodtrucks ont saisie et tenté de mener à bien. «Malheureusement, le projet est tombé à l’eau car deux d’entre nous se sont retirés de ce projet», indique Aderito Casimiro, gérant de la roulotte Maharaja. Parmi ceux qui ont quitté cette ébauche de projet, il y avait Fleur de Pains, qui a répondu à la proposition d’une société et signé un contrat avec elle, comme nous le confirme Julien Meunier, responsable des grands comptes au sein de la boulangerie-pâtisserie.

«Nous nous sommes portés candidats en rejoignant plusieurs autres foodtrucks sous une même bannière. Nous n’aurions pas pu répondre seuls à cet appel d’offres, s’allier avec d’autres personnes nous semblait être la méthode gagnante.»

Green Pea: la société de la discorde

La société en question, qui n’est par ailleurs pas encore inscrite au registre du commerce – d’aucuns disent qu’elle le sera uniquement si son offre est retenue par l’EPFL - porte le nom de Green Pea, et est menée par l’entrepreneur vaudois Christophe Vagnières, par ailleurs directeur et fondateur de la société de restauration mobile Nomad Chef. Selon plusieurs sources, en plus de Green Pea, deux grands groupes de restauration au moins ont envoyé leur candidature à l’EPFL.

Si le contrat proposé par Green Pea a convenu à Fleur de Pains, ce n’est en revanche par le cas pour le Hong Thaï Rung, qui a refusé les conditions contractuelles proposées par Christophe Vagnières, qui imposent, entre autres, une redevance de 13% du chiffre d’affaires du commerçant. Et c’est sans compter les 7% demandés par l’EPFL. Un chiffre intenable financièrement. Le hic (bis): le Hong Thaï Rung aurait été inclus dans le dossier de candidature de Green Pea, présenté à l’EPFL, alors que la gérante du foodtruck n’a pas signé de contrat.

Discussions en cours

Contacté, l’entrepreneur Christophe Vagnières n’a pas souhaité s’exprimer: «Nous sommes en pleine procédure d’appel d’offres, je n’ai aucun commentaire à faire.» Tout juste avoue-t-il, en parlant de « guéguerre » que la situation semble un brin tendue. Face à la frustration qui règne, l’EPFL indique mener des discussions avec les différents acteurs depuis le début du processus. «Nous comprenons que ce changement potentiel ne fasse pas que des heureux, mais l’appel d’offres répond à une exigence légale. Notre priorité est de satisfaire les consommateurs».

Joëlle Misson

*noms connus de la rédaction