Eric Zemmour: «Vous féliciterez le syndic de Lausanne de ma part!»

POLITIQUE • De passage à Genève, le polémiste Eric Zemmour a rappelé son attachement au modèle suisse. Entretien avec celui qui vient de déclarer sa candidature à l’élection présidentielle française de 2022.

  • Eric Zemmour pourrait lancer sa campagne lors de son meeting prévu le 5 décembre au Zenith de Paris. DR

    Eric Zemmour pourrait lancer sa campagne lors de son meeting prévu le 5 décembre au Zenith de Paris. DR

«Je ne me laisserai intimider par personne»

Lausanne Cités: Votre venue à Genève a suscité une levée de boucliers sans précédent, des manifestations, une pétition, des appels à la violence de la part des mouvements antifascistes, vous vous attendiez à un tel accueil?

Eric Zemmour: Les pseudos antifascistes ont montré leur vrai visage d’extrémistes sectaires. Ils m’attaquent parce que je menace leur petit cirque. Je dis ce que je pense, je croyais que c’était la règle dans une démocratie. Même si cela choque. Si on veut que tout le monde pense pareil, il faut arrêter de donner le droit de vote aux gens. Reste que je ne m’attendais pas à cela à Genève. Ce qui est surtout désolant, c’est la réaction de la maire Frédérique Perler qui en a profité pour se faire bien voir de la petite caste médiatico-politique. Ce n’est pas étonnant, car la plupart des maires des grandes villes sont vendus à l’idéologie mondialiste et diversitaire. Ils veulent la diversité, sauf lorsqu’il s’agit de la diversité d’opinions.

Vous vous trompez, à Lausanne, le syndic Grégoire Junod a affirmé dans les colonnes du quotidien 20 Minutes qu’il n’était pas élu «pour dire aux gens ce qu’ils doivent penser», vous pourriez choisir Lausanne plutôt que Genève lors de votre prochaine venue?

(rires) Pourquoi pas! Vous féliciterez et vous remercierez Grégoire Junod de ma part.

Il y a un président français qui avait comme vous un attachement particulier à la Suisse, c’est François Mitterrand. Entre 1985 et 1996, il est venu à cinq reprises dans notre pays. Vous avez voté pour lui en 1981 et 1988, la comparaison s’arrête là?

Le clivage était social à l’époque. Aujourd’hui, il est identitaire donc ça rebat complètement les cartes. En 1981 et 1988, je me sentais en phase avec les idées de François Mitterrand, avec l’envie de redonner plus aux classes populaires. Aujourd’hui, ces gens ont toujours des problèmes de fin de mois. Pas parce que la richesse est mal répartie, mais parce que la France s’est désindustrialisée. Contrairement à la Suisse.

La Suisse connaît peu l’insécurité avec une population étrangère qui s’élève à 25%. En France, à vous entendre, c’est le chaos avec 10,2% d’étrangers, votre thèse ne tient pas, non?

En France, il y a 10,2% d’immigrés. Mais nous ne comptons pas les enfants et les petits-enfants d’immigrés. Si on les additionne, ils représentent un quart de la population.

Ce qui vous dérange, plus que le fait qu’ils soient étrangers, c’est que ces immigrés sont extra-européens, non?

Oui, cela change tout, car ils n’ont pas la même civilisation. Contrairement au siècle passé, quand il s’agissait d’une immigration italienne, espagnole ou portugaise.

Dans une interview à l’hebdomadaire Le Point, vous affirmiez que ce qui se passe en France n’est que la pointe de l’iceberg, que cette insécurité arrivera partout en Europe. Aussi en Suisse?

Si vous ne faites rien en Suisse, cela arrivera, mais la France a beaucoup à apprendre de votre pays. Car vous vous protégez beaucoup mieux. Vous n’avez pas de droit du sol, vous ne donnez pas des allocations sociales à tous les étrangers dès qu’ils arrivent chez vous et quand un étranger n’a plus de travail durant six mois, vous l’expulsez.

Certains vous ont reproché votre sympathie pour l’islamologue suisse Tariq Ramadan, celui qui représente ceux que vous combattez, que leur répondez-vous?

Que je suis l’un des seuls à avoir affronté Tariq Ramadan à plusieurs reprises, il est mon ennemi. Car il fut l’un des principaux acteurs de cette islamisation d’une partie importante de la population et de la création de ces enclaves étrangères dans les banlieues françaises.

Après un départ tonitruant où vous avez atteint les 19%, votre baisse dans les sondages se confirme, vous êtes parti trop vite, trop fort?

Cela ne se contrôle pas, j’avais un livre à défendre donc on m’invitait. J’ai dit ce que je pensais et les Français m’ont suivi. Du reste, il suffit de regarder les débats du parti Les Républicains pour constater qu’ils m’emboîtent le pas. Tout comme Marine Le Pen qui parle à nouveau d’immigration. C’est pour cela que je suis devenu la cible des médias et de la classe politique. Mais je ne me laisserai intimider par personne.

Un autre sondage réalisé par l’institut Odoxa sur l’image des candidats ou futurs candidats conclut que les Français vous considèrent raciste, misogyne et dangereux, ils ont raison d’avoir peur de vous?

(rires) Ils ont tort d’écouter la caricature qui est faite de moi par le système et les médias. Quand les gens commenceront à m’écouter dans les grands médias, les Français verront que tout cela n’est que caricature. Vous savez, le général de Gaulle était traité de fasciste en 1958 à son retour au pouvoir. Et François Mitterrand disait que la qualité principale d’un homme d’Etat, c’est la capacité d’indifférence.

Beaucoup de commentateurs estiment que vous vous êtes radicalisé, ce que vous dites, c’est que c’est la réalité qui s’est radicalisée…

C’est évident. Il y a un paradoxe que la classe politique va devoir régler. Ils ne peuvent pas tous parler comme moi et dire que je suis un affreux. Il faut choisir.

Dans votre dernier livre "La France n'a pas dit son dernier mot" vous affirmez que les vrais révolutionnaires aujourd'hui, ce sont les conservateurs. Pourquoi ?

Quand on érige la révolution permanente en règle d'or de la société, on désagrège cette société. Le conservateur devient le seul rempart contre ce nihilisme. Quant aux bienpensants, ils sont les ennemis de la France.