Dialogue au point mort entre la Ville et la Valencienne

QUARTIERS • Le collectif d’usagers de la Valencienne lance une pétition adressée à la Municipalité. Il y demande la restitution des clés aux habitants ainsi que la signature d’une convention.

  • Sem, Léo et Mourad (de gauche à droite), tous trois membres du collectif. MISSON

    Sem, Léo et Mourad (de gauche à droite), tous trois membres du collectif. MISSON

«Nous resterons mobilisés si la Ville tente de nous chasser»

Léo, membre du collectif d’usagers de la Valencienne

Le collectif d’usagers du parc de la Valencienne lance une nouvelle pétition intitulée «Contre un appel à projet organisé par la Ville, pour un retour des clés à une association d’habitant.e.s et pour une saison 2022 sereinement préparée». Malgré sa longueur, l’intitulé résume les enjeux des dissensions qui persistent depuis le printemps dernier entre le collectif et la Ville de Lausanne, à savoir, la nature de la gestion du lieu; libre et autogérée, ou contrôlée par les services communaux.

Collectif inquiet

En effet, depuis plusieurs mois, les usagers de la Valencienne - espace public clôturé jouxtant le Parc de Valency et accueillant des activités de quartier – et la Ville, propriétaire du terrain, ne s’entendent pas sur la question.

La Ville souhaite pouvoir contrôler les activités s’y déroulant, notamment grâce à la possibilité, déjà en vigueur, de louer la Valencienne en y détaillant les activités prévues. Avec sa pétition, actuellement munie de plus de 200 signatures, le collectif entend prendre les devants; il redoute que les autorités lancent un appel à projet pour la gestion de la Valencienne, ce qui irait totalement à l’encontre du modèle que les habitants ont développé et qu’ils souhaitent pérenniser. «Nous défendons un projet autonome, géré par, pour, et avec les habitants du quartier», détaille Léo, membre du collectif. Les signataires soutiennent la proposition du collectif et déplorent «le traitement que la Ville réserve aux usagers du lieu, et sa réticence à collaborer avec l’association».

Surtout, ils demandent que les clés soient rendues à une association d’habitants et qu’une convention soit signée dans les plus brefs délais. Alors qu’il était espéré qu’un accord soit trouvé en ce début d’anné, les discussions sont au point mort.

Communication défaillante

Le 10 décembre, le municipal en charge des quartiers David Payot a informé La Valencienne par e-mail que «les conditions nécessaires à une collaboration n’étant toujours pas remplies, aucun partenariat ne peut plus être envisagé avec votre association», mettant ainsi un terme aux tentatives de trouver un terrain d’entente.

Les membres de la Valencienne ont décidé de dissoudre leur toute jeune association, créée en juillet dernier. «Nous nous sommes constitués en association principalement pour répondre à l’exigence de la Ville. Sans discussions formelles, nous n’avons aucun intérêt à demeurer sous cette forme», poursuit Léo.

Serrures

Les membres du collectif ont le sentiment que la Ville tente de les évincer. Au printemps dernier, les autorités avaient planifié le changement des serrures des lieux clos, sans prendre la peine d’en avertir les usagers. Puis rebelote en novembre, quand une entreprise de déménagement est envoyée, sans préavis, pour débarrasser le matériel utilisé par le collectif. «Depuis le début, il n’y a jamais eu de véritable communication avec la Ville», regrette Léo.

David Payot ne le voit pas de cet œil: «Les débats sont difficiles dans la mesure où le collectif considère toute autre solution que la leur comme un contrôle municipal injustifié.» Il laisse aujourd’hui entendre que les échanges reprendront, «mais leur forme doit encore être discutée avec les acteurs impliqués.»

De son côté, le collectif continuera de se battre bec et ongles pour que la gestion du lieu reste en mains des habitants qui souhaitent le faire vivre: «Nous comptons bien continuer à animer et entretenir le lieu, et resterons mobilisés si la Ville tente de nous chasser».

Une relation mouvementée

Jusqu’en 2020, l’ancienne association, «La Valencienne, terrain collectif», gérait l’animation de cet espace public. Mais la pandémie et ses conséquences ayant mis à mal ses activités, elle se dissout au printemps dernier. Déserté de ses activités habituelles, le lieu se met à être fréquenté par de nouveaux visages, et des ex-membres de l’association continuent, de façon autonome, d’assurer l’entretien du lieu ainsi qu’un accueil, laissant ainsi place à une nouvelle dynamique de quartier. Face à une organisation non-officielle, ainsi que des plaintes de riverains, la Ville souhaite discuter de la gestion du lieu avec les nouveaux usagers. Elle souhaite qu’ils se constituent en association afin d’avoir un interlocuteur «légitime» avec qui négocier. Les deux parties signent une convention réglant les modalités de gestion jusqu’au 30 septembre, date à laquelle les clés doivent être rendues. Depuis, et après de nombreux remous, aucune tentative de médiation et d’accord n’a abouti.