Audit sévère contre le Centre Sportif de Malley: Oscar Tosato répond

Un rapport d’audit effectué sur la gestion et la gouvernance de la Vaudoise aréna vient d’être dévoilé sur le site internet de la Ville de Lausanne.

Il pointe du doigt d’importants manquements, notamment en termes de gouvernance, et suscite de virulentes réactions à droite.

Oscar Tosato, municipal lausannois en charge des Sports et membre du Conseil d’administration du Centre Sportif de Malley (CSM) minimise.

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« La Vaudoise aréna est un chantier immense et exigeant.»

Lausanne Cités: Cet audit pointe de nombreuses zones d’ombre dans la gestion du Centre Sportif de Malley (CSM), dont les actionnaires sont les communes de Lausanne, Prilly et Renens. Il relève d’abord un flou dans la gouvernance, avec un partage des tâches à revoir…
Oscar Tosato:
J’aimerais tout d’abord rappeler qu’un audit interne demandé par l’actionnaire a pour but de mettre en lumière ce qui doit être amélioré dans une organisation… pas de lister tout ce qui fonctionne bien! Ainsi, effectivement, le partage des tâches vient d’être revu et se poursuivra avec le renforcement de la direction. La Vaudoise aréna est un chantier immense et exigeant. Chacun y tient son rôle. Pour appuyer le conseil d’administration , nous nous sommes entourés d’experts, dans les domaines juridiques, financiers et de l’économie de la construction.

Certes, mais cet audit estime par ailleurs que le CSM n’a pas toujours respecté ses propres règles de fonctionnement, en autorisant par exemple des contre-affaires dépassant les montants autorisés ou en signant des baux pour des événements culturels sans procuration d’un administrateur. Que répondez-vous à cela?
Les contre-affaires ne portaient effectivement qu’une signature sur les deux requises. Quant au bail, qui doit encore être modifié, il portait la griffe de deux négociateurs, un de chaque partie, sans pouvoir de signature auprès du registre du commerce. Je tiens à préciser que des dispositions ont été prises, avant l’audit, pour que les règles de fonctionnement soient suivies.

Comme erreur de fond, il y a également ces budgets annuels qui n’ont jamais été soumis à l’assemblée générale…
Sur la forme, c’est juste. Cependant, les budgets étaient connus des collectivités publiques, actionnaires majoritaires, dont les subventions au CSM figurent dans leurs budgets annuels, validés par les législatifs.

… ou encore le fait que la Ville de Lausanne, pour un chantier, ait cautionné une somme de quelque 163 millions de francs, soit plus de 13millions que ce qui avait été initialement prévu…
Ce cautionnement de 13 millions est le fruit d’une erreur, rapidement corrigée. Il n’y a pas eu besoin de cautionnement supplémentaire de la part de la Ville de Lausanne. Le montant réellement engagé n’a donc jamais dépassé le plafond octroyé par le Conseil communal.

En termes de ressources humaines, des failles ont aussi été relevées. Comme le fait que pour une majorité d’employés, il n’existait aucune description de poste et qu’ils ne bénéficiaient d’aucun entretien annuel. Ça fait un peu amateur tout ça, non?
Il faut nuancer. Des descriptions de postes existent. Et lors d’une enquête de satisfaction en 2018, plus de 90% des collaborateurs ont indiqué que leurs tâches étaient bien définies. Quant aux entretiens annuels, la plupart ont été menés, mais malheureusement pas formalisés. Avec l’augmentation à venir du personnel, toutes les procédures RH, y compris les descriptions de poste et les entretiens annuels, sont remises à jour.

Et puis, il y a ces largesses accordées avec 100 abonnements annuels du LHC attribués tous azimuts. La politique des petits copains?
Les accords avec le LHC prévoient la remise de deux abonnements par membre du Conseil d’administration et du personnel. Les autres abonnements et billets d’entrée sont utilisés pour des actions de relations publiques auprès de partenaires ou des membres des autorités législatives.

Enfin, cerise sur le gâteau, l’audit pointe le fait que le CSM, du point de vue financier, n’avait ni visibilité, ni stratégie. Comment est-ce possible?
C’est inexact! Le CSM a établi des plans financiers sur lesquels repose sa vision à moyen et long terme. Ils figurent d’ailleurs dans les préavis déposés par la Ville de Lausanne. Dans cette phase de travaux et de mise en exploitation, le CFL demande leur adaptation plus régulière pour améliorer la visibilité des engagements à courts termes pour les communes actionnaires et d’affiner la stratégie de remboursement des emprunts jusqu’en 2033. C’est aujourd’hui la tâche de notre directeur financier.

Quelles seront les conséquences pratiques de cet audit?
Le CSM a rencontré les auditeurs pour analyser les éléments de gestion soulevés. Tous ont relevé que la Vaudoise aréna est une belle réussite. Avec les JOJ Lausanne 2020, elle s’est imposée comme une infrastructure majeure. Sur les 19 recommandations, 13 ont été acceptées et réalisées, en accord avec le Conseil d’administration et la fiduciaire.

Des pages caviardées

L’audit réalisé par le Contrôle des Finances de la Ville (CFL) sur CSM SA n’aurait pas dû être rendu public puisque jusqu’à aujourd’hui, les audits de ce type ne l’étaient pas. En dehors de l’administration, seuls les présidents de la Commission de gestion et des finances les recevaient.

Un confrère de 24 heures ayant souhaité l’obtenir, la Municipalité a décidé le 9 juillet dernier de répondre favorablement à cette demande mais, par souci d’équité, de le rendre accessible également à l’ensemble des médias et au public. S’agissant d’un rapport concernant une société anonyme, elle a demandé l’accord pour la diffusion au CSM SA qui a accepté. Le CFL lui-même a indiqué que des remarques concernaient le secret des affaires et des contrats et qu’ils devaient être caviardés, d’où le fait que l’audit n’a pas été diffusé dans son intégralité.