Après les vagues d'ordures, les amendes pleuvent

DECHETS SAUVAGES • A Lausanne, le nombre d’amendes pour littering a augmenté de plus de 15% entre 2020 et 2021. Une hausse rendue possible grâce à une meilleure collaboration entre la police et les services de la Ville.

  • Cet été, les fins de soirée arrosées ont souvent rimé avec déchets abandonnés. VERISSIMO

    Cet été, les fins de soirée arrosées ont souvent rimé avec déchets abandonnés. VERISSIMO

«Il s’agit généralement de personnes mal éduquées, négligentes ou alcoolisées»

Pierre-Antoine Hildbrand, municipal en charge de la sécurité

La saison estivale qui vient de s’écouler aura été particulièrement fertile en matière de déchets sauvages. Pas un weekend ensoleillé sans des scènes de porcherie dans les parcs, sur la plage de Vidy ou au centre-ville. Face à l’indignation de la population, la Municipalité a décidé d’opter pour la répression, après avoir tenté la prévention. Résultat des courses, 1285 amendes pour littering ont été délivrées de janvier à août dernier pour un montant total de 203’200 francs. Un chiffre en hausse de 15,6% par rapport à l’an dernier où le nombre de prunes ne s’élevait «qu’à 1111». Un tour de vis qui s’explique selon Pierre-Antoine Hildbrand, municipal lausannois en charge de la sécurité: «L’évolution de la pandémie et la fin du semi-confinement ont augmenté à la fois l’abandon de déchets et le nombre d’amendes. Il faut donc d’une part déplorer le manque d’éducation de certains et d’autre part saluer le travail de la police et des employés du Service de la propreté urbaine et du Service des parcs et domaines, l’un rattaché à Florence Germond, l’autre à Natacha Litzistorf.»

Employés communaux sensibilisés

Pour pincer ceux qui abandonnent impunément des bouteilles vides, des sacs de charbon éventrés et autres restes de nourriture, la Ville a aussi misé sur la sensibilisation de son personnel: «La collaboration entre la police et les autres services concernés, qui a débuté il y a plusieurs années, a été renforcée, précise Pierre-Antoine Hildbrand. Le Règlement général de police, avec les amendes d’ordre, est d’une grande aide et le personnel dédié a été sensibilisé. Le problème est désormais médiatisé et reconnu.» Après des mois de traque, la Ville connaît également mieux le profil de ceux qui souillent l’espace public: «Il s’agit généralement de personnes mal éduquées, négligentes ou alcoolisées. La problématique est marquée dans les espaces verts et les parcs où un public festif se réunit. L’obscurité et l’absence d’inhibitions provoquent un relâchement des mœurs. La présence de déchets entraîne d’autres salissures supplémentaires. Il est à noter que les amendes d’ordre pour le littering concernent également le fait de souiller l’espace public, notamment en urinant ou en déféquant.»

Bientôt des sanctions plus lourdes?

Dans la guerre aux déchets sauvages, la Municipalité ne se satisfait pas de l’augmentation du nombre d’amendes. Pour mettre un terme à ces comportements jugés inacceptables par la majorité des Lausannois, la volonté existe d’aller encore plus loin. Ce que confirme Pierre-Antoine Hildbrand: «Personnellement, je souhaite que les récidivistes soient sanctionnés plus fortement, à l’exemple de ce qui se fait pour les resquilleurs dans les transports publics. Cela nécessitera préalablement une modification de la loi cantonale.» Taper au porte-monnaie comme moyen de dissuasion, une stratégie qui a déjà fait ses preuves dans d’autres domaines…

Des incivilités qui coûtent bonbon

Le tarif appliqué pour des incivilités liées au littering s’élève généralement à 150 francs. C’est le cas lorsque l’on abandonne des déchets (papiers, débris, emballage ou autres) sur la voie publique. Mais aussi si l’on mélange des déchets devant faire l’objet d’un tri sélectif dans sa poubelle. Ou que l’on ne ramasse pas les déjections de son chien. Par contre, cracher par terre est passible d’une amende réduite de 100 francs. La bûche la plus élevée concerne les personnes qui urinent ou défèquent sur la voie publique (!), elles devront s’acquitter d’une prune de 200 francs si elles se font attraper.

Taper fort pour dissuader, l'éditorial de Fabio Bonavita

A Lausanne, 4,5 tonnes de déchets sauvages sont ramassées chaque jour par les nettoyeurs de la Ville. Vous avez bien lu, chaque jour. Pour un coût total de 16 millions de francs par année. Cette prestation est financée par les impôts des contribuables. Autrement dit, par des personnes qui se comportent très souvent de manière irréprochable en plaçant leurs ordures dans les poubelles prévues à cet effet.

Après l’été écoulé qui a vu les scènes de porcherie se succéder à un rythme effréné, il est urgent d’inverser le fardeau financier du nettoyage quotidien de la ville. En rétablissant le principe fondamental du pollueur-payeur. Cela passe forcément par des amendes dissuasives, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle.

En effet, si une personne balance sa bouteille de bière dans un buisson et qu’elle se fait pincer, la bûche ne s’élèvera qu’à 150 francs. Même tarif, si elle récidive. Au vu du comportement de certains, cela semble clairement insuffisant. Il faut donc hausser le ton comme cela a été fait à Bâle-Campagne où les amendes pour littering peuvent s’élever à 1000 francs. Ce qui reste encore léger par rapport à Singapour où une habitante a été condamnée à 14’000 francs d’amende pour avoir jeté des mégots par terre. Le prix à payer pour une ville propre...