Une Lausannoise enchaîne les plus hauts sommets

HIMALAYISME • A 53 ans, Sophie Lavaud vient de s’envoler pour le Népal avec pour objectif de s’attaquer à l’ascension vertigineuse du Lhotse, culminant à 8516 mètres. Rencontre avec une femme hors du commun.

  • Native de Lausanne, Sophie Lavaud s’est mise à l’alpinisme sur le tard en 2004. DR

    Native de Lausanne, Sophie Lavaud s’est mise à l’alpinisme sur le tard en 2004. DR

Sophie Lavaud pourrait devenir dès cette année la quatrième femme de toute l’histoire à être venue au bout des quatorze sommets de plus de 8000 m d’altitude que compte notre planète. Mi-mars, la Lausannoise de naissance âgée de 53 ans s’est envolée pour le Népal. Là, elle et ses compagnons de cordées vont s’attaquer au Lhotse, prestigieux sommet de 8516 m d’altitude faisant la frontière entre la Chine et le Tibet: «Je me réjouis toujours de partir comme je me réjouis toujours de rentrer. Mon plaisir consiste à vivre des ascensions à chaque fois différentes mais aussi à les raconter», nous expliquait peu avant son départ l’alpiniste qui vit en donnant des conférences, grand public ou team building pour les entreprises, autour de ses ascensions.

Trois 8000 en 2022?

«Comme à chaque fois, je prendrai un sommet après l’autre. Faire autrement serait dangereux. Mon projet est loin d’être terminé. En trois expéditions, il peut se passer beaucoup de choses mais je garde le cap!» confie l’alpiniste qui se voit comme «une madame tout le monde qui s’est donné les moyens de réaliser son rêve.» Au Lhotse, la Franco-Suisse retrouvera Dawa Sangay, le fidèle sherpa et ami, avec lequel elle se joue des 8000 depuis 2018. Elle est une des rares femmes dans le monde de l’himalayisme mais cela n’est jamais un handicap, bien au contraire. «Dans les camps de base, nous sommes très appréciées, respectées et même chouchoutées. Et une fois dans la cordée, nous redevenons un membre d’expédition comme un autre.» En Suisse, les ascensions de Sophie Lavaud suscitent l’admiration mais aussi parfois les critiques, notamment de la part de puristes voyant d’un mauvais œil l’utilisation d’oxygène en assistance respiratoire en Himalaya: «Les gens pensent ce qu’ils veulent et je préfère ne pas m’y arrêter», se borne à commenter la quinquagénaire.

Expérience et peur

Ce qu’elle craint en revanche, ce sont les dangers de la montagne: avalanche, crevasse, mal de l’altitude… «Bizarrement, plus j’ai d’expérience et plus j’ai peur», avoue-t-elle. Si Sophie Lavaud réussit son pari, elle n’aura mis que dix ans à escalader les quatorze 8000.