Une ferme de plus de 200 ans risque de disparaître

ECUBLENS • La mise à l’enquête de la construction d’un immeuble locatif impliquant la démolition d’une ferme datant de 1799 provoque l’incompréhension du propriétaire de la parcelle voisine, de même que Patrimoine Suisse, qui s’y oppose.

  • La ferme, datant de 1799, depuis la rue de Bassenges. MISSON

    La ferme, datant de 1799, depuis la rue de Bassenges. MISSON

«Cette ferme est le dernier bâtiment historique du hameau du Pontet à Ecublens. Il est regrettable de ne pas conserver et respecter un tel symbole du passé.» Eric Bonzon, l’un des opposants à la mise à l’enquête, est propriétaire de la parcelle et du bâtiment qui jouxtent la ferme de la rue de Bassenges 1, à Ecublens. La démolition projetée de cette ferme prend aussi une note tout particulièrement émotionnelle pour lui, puisqu’elle appartenait à sa tante, qui l’a léguée, il y a quatorze ans, à la paroisse d’Ecublens-St-Sulpice. Il a fait opposition à la mise à l’enquête qui se terminait le 17 octobre.

S’il ne conteste pas le projet locatif, il estime que la ferme pourrait être conservée et valorisée. Un avis que partage également la section vaudoise de Patrimoine Suisse, qui a fait opposition elle aussi. Membre de la commission technique et historien de l’architecture, Guillaume Curchod estime que le bâtiment devrait être maintenu. Répertorié en note 4 au recensement architectural du canton de Vaud, «l’objet est bien intégré et comprend des qualités qui lui vaudraient certainement un rehaussement en note 3 aujourd’hui. Dans le contexte d’une commune, qui a beaucoup changé, comme Ecublens, il s’agit de l’un des derniers témoins du passé rural de la commune».

Meilleure solution

Mais seules les autorités communales ont la responsabilité de se prononcer sur la démolition ou la transformation d’un tel objet. Le syndic Christian Maeder indique que la Municipalité a tenté d’encourager la conservation de la ferme. «Mais il était compliqué de le faire en restant dans des montants qui permettraient ensuite de proposer des loyers corrects au sein du locatif», explique-t-il.

Présidente du Conseil paroissial, Nicole Livet explique que la question de l’aménagement et de l’utilisation de ce terrain et de la ferme n’ont cessé d’être à l’ordre du jour des préoccupations de la paroisse. «Nous avons retourné ce dossier dans tous les sens, étudié toutes les possibilités. Nous en sommes arrivés à la conclusion que démolir la ferme et réaménager totalement le terrain était la meilleure solution. Nous respectons le souhait de la donatrice, que ce terrain reste dévolu aux activités de la paroisse – au travers des locaux paroissiaux projetés au rez-de-chaussée de l’immeuble - et qu’il nous fasse bénéficier d’une rentrée d’argent.» En effet, les loyers perçus permettront tout d’abord de rembourser le prêt, mais assureront aussi un revenu pour les projets de la paroisse.

Intéressant pour la commune

Bien que mené par cette dernière, «ce projet est intéressant pour la commune, car il propose des places de garderie, et des possibilités d’activités dans les locaux», poursuit le syndic. C’est pourquoi la Municipalité a collaboré à la planification du projet et a accepté la démolition de la ferme. «Si l’on veut être lucide, le futur visage de cette parcelle sera beaucoup plus accueillant qu’il ne l’est actuellement», conclut-il.