Un voyage entre filles: une première à Prélaz

PRELAZ • Dix filles âgées de 11 à 15 ans, fréquentant le Centre socioculturel de Prélaz-Valency, organisent un voyage de trois jours à Paris. C’est la première fois qu’un voyage est organisé par des adolescentes. Une nouveauté qui en dit long sur la place des jeunes filles au sein du quartier.

  • Huit des dix filles qui organisent leur voyage à Paris. De gauche à droite: Vesa, Yelenna, Sara, Medina, Ines, Laeticia, Chada (derrière) et Sabrina.

    Huit des dix filles qui organisent leur voyage à Paris. De gauche à droite: Vesa, Yelenna, Sara, Medina, Ines, Laeticia, Chada (derrière) et Sabrina.

Pour la première fois, un groupe d’adolescentes fréquentant le Centre socioculturel de Prélaz-Valency organise un voyage de trois jours à Paris, prévu en février 2022. En effet, ces dernières années, plusieurs voyages - à Lyon, Paris, ou encore Barcelone - ont été mis sur pied par les jeunes fréquentant le Centre, avec le soutien des animateurs. Des voyages toujours exclusivement masculins. Si bien que le sujet a commencé à être une source de préoccupation pour l’Association de quartier de Prélaz-Valency, qui gère le Centre conjointement avec la FASL (Fondation pour l’animation socioculturelle Lausannoise).

Où sont les filles?

C’est grosso modo la question que se posaient les membres du comité de l’Association de quartier. «La question de la participation et de la représentation des jeunes filles, dans le contexte du quartier de Prélaz, est une question sensible. Certaines n’ont pas la même liberté que celle accordée aux garçons, détaille Ivan Sainsaulieu, président remplaçant de l’Association de quartier. Nous avions effectivement, en tant qu’association, lancé la discussion afin de trouver un équivalent féminin à ce qui était proposé aux garçons, pour une question de parité. Mais nous nous heurtions à la résistance des parents. La solution était de développer un cadre rassurant pour tout le monde.» Néanmoins, jamais les animatrices et animateurs n’ont sciemment laissé les filles de côté: «Nous avons essayé de les motiver pour des sorties les années précédentes, mais ce n’était pas toujours clair si c’était elles-mêmes ou les parents qui s’y opposaient», se questionne l’animateur Franco de Guglielmo. C’était une discussion légitime, et elle nous a interrogés en tant que professionnels.»

Une confiance qui paie

Depuis la reprise post-covid des activités habituelles du Centre, l’équipe d’animation constate une présence accrue de filles, qui représentent aujourd’hui la moitié des jeunes habitués. «Nous avons fait un gros travail d’accompagnement avec elles. Leur proposition d’organiser ce voyage est peut-être le résultat du travail de confiance que l’on a pu construire avec elles et les parents. Que ces derniers nous donnent leur accord pour ce voyage est encourageant par rapport au travail que l’on mène dans le quartier. Maintenant nous devons aussi gérer une certaine jalousie des garçons, face aux activités féminines qui prennent de l’ampleur.»

Un sentiment de liberté

Les dix adolescentes, âgées de 11 à 15 ans, ont les yeux qui brillent à l’évocation de ce séjour. «Vous savez, Madame, moi je n’ai pas envie d’attendre, j’aimerais partir demain!», s’enthousiasme Yelenna. «C’est génial de pouvoir partir entre copines, on se sent libres. Pour la plupart d’entre nous, c’est la première fois que nous partons seules entre nous», complète Chada. Evidemment, deux animateurs du Centre accompagneront les filles durant ce voyage. Pour financer cette excursion, elles prévoient un souper de soutien, un atelier de biscuits en décembre, du porte-à-porte, une exposition et vente de photographies qu’elles auront prises durant leur séjour, ainsi qu’une demande de fonds auprès de la FASL au travers d’une vidéo de présentation.