Pass Covid au resto: GastroVaud pose ses conditions

RESTAURATION • En raison du retour en force de la pandémie, l’étau se resserre en ce qui concerne l’obligation de présenter un pass sanitaire. Le Conseil fédéral veut ainsi, et notamment, l’imposer pour accéder aux restaurants. Fortement opposée, la branche pose toutefois ses conditions à son application.

Depuis quelques jours, les hospitalisations liées à la recrudescence de cas Covid augmentent fortement. A l’origine de ce phénomène, le variant delta, très contagieux, que nombre de vacanciers ont rapporté dans leurs bagages. Mais aussi un certain laisser-aller suite aux levées de certaines restrictions opéréees fin juin. C’est pourquoi, il y a tout juste une semaine, le Conseil fédéral mettait en consultation l’extension du certificat Covid qui pourrait, notamment, être obligatoire pour aller manger au restaurant.

Le resto, un lien de sociabilité

Cette mesure, la branche s’y est de tout temps fortement opposée, comme le rappelle Gilles Meystre, président de GastroVaud: «Les raisons sont multiples. Philosophiques d’abord, car la branche n’a pas vocation à discriminer certains clients au profit d’autres. Opérationnelles ensuite, car l’exigence d’un certificat s’avère problématique en termes d’accueil, de responsabilités et d’impact financier. Enfin, ne soyons pas dupes: faute d’avoir le courage d’imposer la vaccination, le Conseil fédéral brandit une fois encore la carotte et le bâton, en jouant avec les secteurs les plus fragilisés par la crise, la culture et l’hôtellerie-restauration. A ce titre, le certificat est plus un outil de pression politique qu’un outil sanitaire à l’efficacité démontrée».

Reste qu’entre impact financier du certificat et son utilité sanitaire, la branche est divisée. Depuis le début de la pandémie, elle a joué le jeu en appliquant des règles changeantes et contraignantes. Mais aujourd’hui, le ras-le-bol semble bien là. «C’est vrai, concède Gilles Meystre. Il y a ceux qui ne veulent plus être le jouet des politiques et des menaces, le certificat ou une nouvelle fermeture, et ceux qui acceptent ce dernier effort pour revenir à une vie normale. Pas simple à concilier.» Gilles Meystre ajoute: «Quand on va à l’opéra ou à Athletissima, on s’attend à un contrôle d’entrée. Car sans billet, pas d’accès! Et ce contrôle fait aussi partie des habitudes des organisateurs, comme des charges inscrites à leur budget. On ne va pas à l’opéra comme on va au bistrot! Notre branche a une vocation sociale. Le resto est souvent le dernier lieu de sociabilité d’un quartier ou d’un village. Sous cet angle, le pass discrimine, filtre et divise. Alors que la restauration doit rassembler.»

Une série de conditions

Prise dans l’étau, la branche pose toutefois des conditions si cette obligation devait être confirmée (celle-ci ne l’est pas à l’heure où ces ligne sont écrites, ndlr). En premier lieu, la levée des contraintes intérieures, comme le traçage, les distances ou l’utilisation d’un plexi. Mais elle veut aussi un soutien financier: «Nous exigeons une indemnisation des baisses programmées de chiffre d’affaires. En France, le pass a réduit de 40% le revenu des restaurants! Enfin, il convient de définir clairement les responsabilités: ce n’est pas aux restaurants de faire la police, ni de payer le comportement fautif de certains clients!»

Malgré ce nouveau coup du sort, le président de GastroVaud veut rester optimiste pour l’avenir de la branche: «La crise a aussi des effets positifs. Elle a accéléré la digitalisation, renforcé les collaborations entre artisans de la table et de la terre, et permis aux exploitants de repenser leurs pratiques et leur offre. La preuve, depuis mars 2020, nous avons reçu plus de 150 demandes d’adhésions au label Fait Maison! Authenticité, proximité et qualité en sortiront renforcées».