«Nous ne faisons plus confiance à la Municipalité de Crissier»

A Crissier, le plan de quartier des Uttins sera soumis au Conseil communal le 17 juin, avec 240 oppositions maintenues. Les riverains et opposants ne lâchent pas l’affaire.

  • Les Uttins, un projet qui continue de susciter nombre d’oppositions. PROJET/ CCHE

    Les Uttins, un projet qui continue de susciter nombre d’oppositions. PROJET/ CCHE

La bataille continue. Alors que la mise à l’enquête du quartier des Uttins avait provoqué le dépôt de 370 oppositions en avril 2018, le plan de quartier sera soumis au Conseil communal le 17 juin prochain… avec 240 oppositions maintenues. «Le Conseil peut-il vraiment se prononcer objectivement sur les Uttins alors qu’il reste encore autant d’oppositions?» se demande André Tharin, fer de lance de l’opposition, qui avait, avec Martin Senn, créé l’association Sauvegardons Crissier l’année dernière. Ce qu’il souhaite: «Une ultime et véritable session de conciliation, avec une délégation d’opposants-riverains, le service de l’urbanisme et l’architecte du projet, avant le 17 juin. Cela permettrait de faciliter le retrait des oppositions.

Conciliation ou information?

Des séances de conciliation, pourtant, il y en a eu seize, s’insurge le syndic Stéphane Reszo. En juillet dernier, «nous avons décidé d’enlever un étage à tous les immeubles prévus, ce qui représente 90 logements de moins. La hauteur excessive des bâtiments était leur revendication première. Nous sommes allés dans leur sens mais maintenant ils ont d’autres revendications. Ce n’est jamais fini.»

Mais pour les opposants, ces séances de conciliation n’en étaient pas vraiment. «Il s’agissait plutôt de séances d’informations, sans véritable dialogue. La décision d’enlever un étage à tous les bâtiments s’est faite unilatéralement par la Municipalité et nous en avons été informés cinq mois plus tard. Les oppositions portaient sur environ trente motifs différents, notamment la densité, l’intégration dans le paysage existant ou encore l’impact du trafic sur la pollution. Nous proposions plutôt d’épouser la pente du terrain, avec des immeubles plus élevés vers le bas du terrain et d’autres moins hauts à proximité des habitations. Cela aurait permis d’enlever moins de logements.» De guerre lasse, considérant les réponses de la Municipalité ou du Conseil communal insuffisantes, André Tharin a contacté le Canton, également propriétaire d’une parcelle des Uttins. Il a demandé la nomination d’un «médiateur neutre», ne croyant plus en «l’objectivité de la Municipalité. Au moment où nous écrivons, il n’avait reçu aucune nouvelle. «Le Service du département territorial nous a seulement indiqué que le plan de quartier des Uttins avait passé l’étape de l’examen préalable du Canton, qui a donné un avis positif sur sa légalité. Le projet est en cours de traitement au niveau communal. A ce stade, le Canton n’a pas les compétences pour intervenir dans le traitement des oppositions.»

«Pas d’entourloupe»

C’est un processus normal, rétorquent le syndic et Caroline Albiker-Pochon, présidente du Conseil communal. «Il n’y a pas d’entourloupe. Les étapes suivent leur cours selon le processus légal habituel. La suite des événements sera décidée par le Conseil le 17 juin.» Si le plan de quartier passe la rampe lors de cette séance, les oppositions seront automatiquement levées et les voies de recours ainsi que le délai référendaire seront ouverts. Si les conseillers communaux refusent le projet, «c’est six ans de travail qui passe à la poubelle», indique Stéphane Reszo.

Les opposants, eux, ne laisseront pas tomber, encouragés par différents exemples dans tout le canton, comme le récent référendum à Epalinges, contre le quartier du Closalet. Passé en votation populaire le 19 mai, les votants ont dit non. André Tharin n’exclut pas d’utiliser cette voie pour Crissier. Il fera, dans tous les cas, recours à cette décision, avec une vingtaine d’autres propriétaires-riverains.