Mordues de hip-hop, elles veulent le faire connaître

CULTURE • Le 2 avril, le battle de hip-hop de Carrefour Sud se déroulera à la grande salle de Prilly. Derrière cet événement, la Prillérane Jenny Lacher et la Lausannoise Sira Ndiaye. Rencontre.

Lorsqu’elle parle de hip-hop, Jenny Lacher rayonne. Cette jeune habitante de Prilly pratique cette danse depuis l’âge de neuf ans. Et à 19 ans, elle peut déjà se targuer d’avoir participé à l’organisation d’une dizaine d’événements. Cette année, le BSC – pour Battle Carrefour Sud, du nom du Centre de loisirs de Prilly, où elle suit les cours de hip-hop depuis son enfance – est le premier qu’elle organise en totale indépendance, accompagnée de sa partenaire de danse, Sira Ndiaye, Lausannoise de 17 ans. Les jeunes femmes ont créé leur propre association en début d’année, Culture Area, afin de faciliter l’organisation de leurs futurs événements, les recherches de fonds ou de sponsors.

Indépendance acquise progressivement

L’acquisition des compétences de Jenny Lacher et Sira Ndiaye - qui a rejoint l’organisation en 2018 - dans la mise sur pied de ces battles de hip-hop est un bel exemple des résultats que peut produire un soutien communal. En effet, depuis le premier événement organisé en 2016, les battles de Carrefour Sud ont bénéficié de l’aide de l’équipe d’animation du centre de loisirs pour les questions organisationnelles. Et grâce au budget jeunesse mis en place la même année par la commune de Prilly, les organisateurs ont également profité annuellement d’un soutien financier.

Repousser les limites

Ces six années d’expérience - pour Jenny tout au moins - leur permettent aujourd’hui, non sans une certaine fierté, de mettre sur pied l’édition 2022 sans aide extérieure. Le soutien financier communal est toujours d’actualité, mais l’organisation a été gérée de A à Z par les deux danseuses, malgré l’éloignement de Sira, qui suit actuellement une maturité bilingue à Londres.

«L’aspect intergénérationnel est important pour nous», détaille Jenny. Le battle comprend donc deux catégories - moins et plus de 18 ans. Une troisième catégorie, celle des guests, rassemble des danseurs professionnels venant de toute la Suisse, et parfois de l’étranger. Les filles envoient balader le concept classique du battle un contre un. Des équipes de trois sont tirées au sort au sein de ces catégories, formant ainsi des groupes mélangeant les âges, mais aussi les niveaux de compétence.

Faire durer la culture hip-hop

Pour Jenny, la danse est une évidence. «J’ai découvert que c’était un moyen d’exprimer mes émotions, et de partager ma créativité.» Depuis sept ans maintenant, elle a trouvé en Sira une coéquipière idéale. «Notre caractère ressort dans notre façon de danser. Elle est plutôt douce et j’ai un style plus énergique. On se complète extrêmement bien. De plus, peu de femmes pratiquent le hip-hop en Suisse, alors danser ensemble, c’est puissant.»

En tant qu’organisatrices, participer à leur battle ne leur est bien sûr pas possible. Mais Jenny affirme prendre part à une dizaine de battles par année. «Il n’y a pas énormément d’événements en Suisse. C’est pour cela aussi que nous en organisons, pour faire durer la culture hip-hop, et qu’elle se développe en Suisse.»