Monnaies locales: le Léman pourrait voler au secours du Farinet

Alors que le Farinet est donné pour mort, le Léman affiche une santé éclatante et pourrait contribuer à sauver son équivalent valaisan.

  • Le Léman existe en version numérique depuis 2017. DR

    Le Léman existe en version numérique depuis 2017. DR

L’aventure du Farinet est terminée. Du mois officiellement. Réunie ce lundi 4 novembre, l’assemblée générale extraordinaire de l’association qui gère la monnaie locale valaisanne a annoncé le retrait progressif du Farinet, mis en circulation il y a un peu plus de deux ans et demi. En cause, le fait que cette monnaie locale soit plus vue comme un «objet de collection» qu’un outil monétaire à proprement parler. En clair, le Farinet n’a tout simplement pas rencontré le succès escompté.

Un échec qui contraste avec la bonne santé du Léman, la monnaie locale équivalente lancée à Genève en 2015, puis dans la région de Lausanne, et qui regroupe près de 600 commerçants et entreprises. Comme toutes les monnaies locales, le Léman se veut une «communauté de paiement» dont le but est d’inciter les entreprises, les commerces et les consommateurs à améliorer leurs pratiques économiques et commerciales, en favorisant les circuits courts. Et c’est là que le bât a blessé pour le Farinet: «A Lausanne et à Genève, il y a un réseau d’économie sociale et solidaire très développé, avec un total d’entreprises qui cumulent un chiffre d’affaire de plus de 500 millions de francs, explique Antonin Calderon, le secrétaire général de l’association qui gère le Léman. Probablement plus qu’en Valais, on y a un tissu de base conséquent qui nous a permis d’avancer et de nous développer avec des acteurs qui partagent les mêmes valeurs en matière d’économie sociale et solidaire.»

Virage numérique

L’autre élément à prendre en compte, c’est que le Léman a su prendre très tôt le virage du numérique, la monnaie locale étant proposée en version électronique depuis déjà 2 ans. «L’avènement du Léman électronique nous permet de prélever une taxe minime de 0.5 à 1 % sur chaque transaction, ce qui permet de financer les personnes qui travaillaient jusque-là bénévolement pour l’association», ajoute encore Antonin Calderon. Un élément qui aura certainement manqué au Farinet, géré uniquement par des bénévoles, vite dépassés par l’ampleur de la tâche.

Facilitant la circulation des flux, le Léman électronique a en outre considérablement accru l’attractivité de la monnaie pour les entreprises locales qui en outre pouvaient accéder à des lignes de crédit en monnaie locale et sans taux d’intérêt. Cette expertise, l’association qui gère le Léman pourrait bien la mettre au service d’un futur Farinet, cantonné à une nouvelle version électronique. «Cette fin est en effet bien dommage pour le Farinet, et nous n’envisageons pas d’étendre le Léman au Valais, puisque notre but est de favoriser les circuits courts, conclut Antonin Calderon. En revanche, nous leur avons proposé de rejoindre notre blockchain pour les aider à lancer un Farinet électronique!».