Les Lausannois ont boudé à tort la ferme Rovéréaz

POLLUTION • Pourtant située hors de la zone concernée, la ferme Rovéréaz a été très impactée par l’annonce de la pollution des sols lausannois par la dioxine. Cette dernière a provoqué une désaffection de la clientèle inquiète pour sa santé.

  • Bien que non concernée par la pollution aux dioxines, la ferme a procédé à des analyses: ses légumes sont sains. ABDESSEMED

    Bien que non concernée par la pollution aux dioxines, la ferme a procédé à des analyses: ses légumes sont sains. ABDESSEMED

«Nous ne sommes pas encore revenus au stade de l’année précédente, mais nous pouvons constater une petite amélioration en ce mois de février. Reste que cela a été extrêmement violent et disproportionné». Pour son responsable, Gilles Berger, la ferme Rovéréaz est passée très près de la catastrophe, ayant enregistré une baisse drastique de son activité au cours des derniers mois.

Située à la route d’Oron, la ferme fait partie intégrante d’un domaine qui appartient à la Ville de Lausanne depuis 2015. Elle exploite 28,5 hectares de terres en agriculture biologique et vend ses produits aussi bien sur site que dans les marchés de la ville. Novateur, le projet s’articule autour de quatre piliers - agricole, pédagogique, social et économique - et incarne une véritable vision de ce que pourrait être à l’avenir une agriculture durable, socialement équitable et viable économiquement.

Chiffres en baisse

Seulement voilà: le 13 octobre dernier, coup de tonnerre. Les Lausannois apprennent qu’une grande partie des sols de leur ville est très largement polluée aux dioxines, définie par l’OMS comme étant «un polluant organique persistant posant problème à cause de sa toxicité potentielle élevée». Une pollution probablement en lien avec l’exploitation de l’ancienne usine d’incinération du Vallon, active entre 1958 et 2005. Pourtant située à l’extérieur de la zone contaminée, la ferme de Rovéréaz subit un impact immédiat. «Dès le lendemain du 13 octobre, notre chiffre d’affaires représentait 50% de ce que l’on avait enregistré la semaine précédente», se souvient Gilles Berger. Au cours des semaines suivantes, cet impact négatif s’est confirmé de manière édifiante avec une baisse moyenne de 40% du chiffre d’affaires, et de 30 à 35 % en ce qui concerne la fréquentation de la clientèle. Au point que des licenciements ont même dû être signifiés à une partie du personnel.

Légumes sains

«D’une part nous sommes hors de la zone de contamination et d’autre part nous avons procédé à des analyses de sols qui montrent que nous sommes même en dessous du seuil d’investigation, ajoute Gilles Berger. Il n’y a donc aucun risque à consommer nos légumes». Depuis, la ferme de Rovéréaz remonte lentement la pente, après une année 2021 déjà globalement difficile en raison des conditions météorologiques. «Mon travail est de faire des projections et il nous est très difficile de planifier et d’établir des budgets, puisqu’il est très compliqué de savoir combien de temps ça va durer», s’inquiète encore Gilles Berger. Dans l’intervalle, des discussions sont en cours avec la Municipalité pour un éventuel soutien financier.