Le CHUV souhaite percer les mystères de l’arthrose du genou

SANTE • Maladie articulaire qui touche 20% des plus de 40 ans, l’arthrose du genou fait l’objet d’une vaste étude menée par le CHUV. Les chercheurs lancent un appel, il leur manque encore une centaine de participants.

  • © Valdemar VERISSIMO

    © Valdemar VERISSIMO

Le bureau du codirecteur du Swiss Motion Lab ressemble à ceux de tous les scientifiques. Un tableau blanc constellé d’obscures formules mathématiques, des articulations en plastique et une décoration minimale propice à la recherche. Une sobriété qui tranche avec l’enthousiasme du propriétaire des lieux, le docteur Julien Favre: «Jusqu’à présent, les études sur l’arthrose se sont principalement penchées sur les genoux malades, nous avons choisi une nouvelle approche qui vise à comprendre les genoux sains. Notre but est de modéliser le processus dégénératif de cette maladie articulaire. En d’autres termes, de détecter les premiers signaux avant l’apparition des lésions irréversibles.»

Améliorer les traitements

Pour y parvenir, l’équipe interdisciplinaire de chercheurs derrière cet ambitieux projet, financé par le Fonds National Suisse, a encore besoin d’une petite centaine de participants âgés de 45 à 70 ans et sans antécédents médicaux aux membres inférieurs. Ce qui portera à plus de 400 le nombre total de volontaires ayant contribué à cette vaste étude. Une condition sine qua non pour que les conclusions des chercheurs soient considérées comme fiables comme le rappelle le professeur Patrick Omoumi, chef de l’imagerie musculosquelettique au CHUV: «D’après nos calculs, analyser 430 personnes nous permettra d’avoir une modélisation représentative du genou sain et ainsi une base rigoureuse pour mieux comprendre le développement de l’arthrose, cette pathologie complexe qui touche 500’000 personnes en Suisse.» Et Julien Favre de préciser: «Le lien entre mouvement et cartilages est loin d’être compris. On ne sait pas encore, par exemple, à quel moment la stimulation mécanique qui est indispensable au bon fonctionnement des cartilages devient néfaste.»

L’objectif est simple: mieux comprendre pour mieux traiter. Dans un second temps, l’idée est de pouvoir retarder la pose de prothèses ou, mieux encore, d’éviter que les malades soient obligés de passer par la case chirurgie: «Ce serait l’idéal, note Patrick Omoumi. D’après les connaissances acquises, nous savons déjà que le facteur héréditaire joue un rôle, mais aussi que plus l’articulation du genou est stimulée, mieux elle se porte. Il faut cependant éviter de pratiquer des sports extrêmes qui la sollicitent trop, tout est une question d’équilibre.»

Pathologie toujours plus fréquente

Si le mouvement influence le risque de développer de l’arthrose, l’hygiène de vie est aussi importante comme le rappelle Julien Favre: «L’augmentation de l’espérance de vie, couplée à la hausse du taux d’obésité constatée dans nos sociétés, sont des signaux inquiétants vu qu’il s’agit des facteurs de risques principaux de l’arthrose du genou.» Concrètement, cela signifie que la proportion de personnes qui souffre d’arthrose du genou va continuer d’augmenter ces prochaines années. «Cette étude est importante car elle amène une perspective unique, complémentaire à d’autres initiatives en Suisse et à l’étranger, qui ensemble permettent d’espérer des traitements plus efficaces», conclut Julien Favre. L’objectif final est donc de réduire les conséquences de cette maladie articulaire qui a un gros impact sur la qualité de vie…

Pour plus d’informations sur cette étude: www.chuv.ch/lks ou sbml.recherche@chuv.ch