A Lausanne, le prêt sur gage ne connaît pas la crise

Pour faire face à un besoin pressant de liquidités, toujours plus de Lausannois déposent un bien en garantie. Qu’il s’agisse d’une montre, d’un sac de luxe ou de bijoux. Autre évolution, le montant des prêts est en forte augmentation.

  • Photo Verissimo

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Juan Caido est un homme heureux. Ce prêteur sur gage installé à la rue de Bourg a vu l’activité de sa société Valorum boostée depuis le début de la pandémie. Une tendance qui s’est encore accélérée depuis la rentrée: «Quand les gens reviennent de vacances, ils ont besoin d’argent pour les frais de scolarité de leurs enfants, mais aussi pour payer des factures. Cela fait quelques semaines que nous sommes submergés par les nouvelles demandes. Nos clients possèdent souvent des montres, des bijoux de famille ou encore de la maroquinerie de luxe. Au lieu de revendre ces produits, ils préfèrent les mettre en gage. Ils reçoivent ainsi directement du cash en toute discrétion.»

De plus grosses sommes

L’argent obtenu est généralement utilisé pour parer au plus pressé en réglant les diverses factures qui s’accumulent au fil des mois. Notamment celles qui concernent le loyer, l’électricité ou les frais de déplacement. Mais pas seulement: «Récemment, un jeune homme a déposé une montre Patek très rare qui vaut plus de 100’000 francs, précise Juan Caido. Il souhaitait des liquidités pour lancer son entreprise. Et comme les banques ne lui accordaient aucun prêt, il a préféré venir chez nous. C’est plus simple et surtout plus rapide.» L’autre tendance concerne le montant des prêts accordés. «En 2014, lorsque nous avons lancé notre activité, il s’élevait à 1190 francs en moyenne. Actuellement, il se situe à plus de 4700 francs.»

Activité encadrée

Des sommes prêtées plus importantes qui induisent un risque plus grand de non-remboursement de la part des clients. Pas de quoi inquiéter le directeur de Valorum: «Les gens viennent nous voir avec l’idée de rembourser leur prêt. Ils font des sacrifices dans leur quotidien pour y parvenir. S’ils n’y arrivent quand même pas, leurs objets mis en gage sont vendus aux enchères, ce qui permet de nous rembourser. Mais cela reste très rare car notre service est transparent, nous expliquons très clairement à nos clients comment cela fonctionne.» En effet, dans le canton de Vaud, l’activité privée de prêteur sur gage est encadrée par la loi et surveillée par la FINMA, l’autorité fédérale des marchés financiers. Car le risque de surendettement est bien réel avec un taux d’intérêt pouvant grimper à 18% pour un prêt d’une année…

Fabio Bonavita