La crise sonne le glas de la monnaie locale du Gros-de-Vaud

GROS-DE-VAUD • Mis en circulation en septembre 2018, l’Epi n’a pas survécu à la pandémie. L’association a annoncé sa dissolution. Les utilisateurs ont jusqu’au 25 novembre pour dépenser leurs billets.

  • Marie-Jo Aeby et Murielle Lasserre, instigatrices de l’Epi, la monnaie locale du Gros-de-Vaud. MISSON

    Marie-Jo Aeby et Murielle Lasserre, instigatrices de l’Epi, la monnaie locale du Gros-de-Vaud. MISSON

Trois ans, c’est la durée de vie moyenne d’une monnaie locale. L’Epi n’a pas fait exception, même si la situation qui a poussé l’Association à tirer sa révérence est, elle, exceptionnelle. «Avec l’arrivée de la crise de coronavirus, les acheteurs ont massivement cessé d’utiliser de l’argent papier. Les Epis n’ont alors plus été utilisés», commence Marie-Jo Aeby, membre du comité de l’Association de l’Epi, et co-instigatrice de cette monnaie locale. Les habitudes sont ensuite restées, et l’Epi ne s’en est pas remis - malgré un projet de monnaie virtuelle resté dans l’œuf - obligeant l’Association à décider de sa dissolution. Les acheteurs peuvent dépenser leurs Epis jusqu’au 25 novembre.

Pas de soutien public

Si la pandémie a été l’un des facteurs sonnant la fin des billets à l’effigie du Gros-de-Vaud, il ne s’agit pas de l’unique raison, explique Marie-Jo Aeby. «Les pouvoirs publics de la région n’ont pas soutenu ce modèle d’économie locale. Car un prestataire acceptant les Epis sans pouvoir ensuite les utiliser pour payer ses factures les verra s’accumuler. Ce sont les limites d’une monnaie locale.»

Monnaie virtuelle?

A la fin de l’année 2020, le comité de l’Association a envisagé la mise en place, en parallèle, d’un portefeuille électronique, basée sur le modèle de crypto-monnaie développé par Le Léman, la monnaie locale du bassin lémanique. Malheureusement, le projet n’a pas abouti. L’Association n’a en effet pas réussi à dénicher les personnes ayant les compétences, ainsi que le temps disponible nécessaires pour développer cette alternative.

Une riche aventure

«Nous gardons le souvenir d’une belle aventure qui a créé de nombreux contacts, de la créativité au travers des concours photo et de design pour les billets. Cela nous a permis de parler de la place de l’argent dans la société et du rôle de la monnaie. Tout cela n’a pas été inutile.»

Les billets n’ayant pas été mis en circulation seront bien gardés. «Si quelqu’un voulait reprendre le projet à l’avenir, rien ne s’y oppose. Mais peut-être faudrait-il voir les choses à plus large échelle; la Suisse romande n’est pas très grande, peut-être qu’une monnaie locale pour toute la région aurait du sens», conclut-elle.