Deux Lausannois veulent révolutionner le fret

INNOVATION • Un container, plus efficace et moins polluant que ses ancêtres en acier, pourrait s’imposer comme la nouvelle norme. Il a été mis au point par deux anciens étudiants de l’EPFL.

  • Naïk Londono et David Baur (à dr.) devant leur container révolutionnaire. DR

    Naïk Londono et David Baur (à dr.) devant leur container révolutionnaire. DR

Le Transport maritime semble sur le point de vivre une révolution. Elle est née sur la terre ferme, du côté de Lausanne! Mi-août, était présenté à Hambourg, l’un des plus importants ports de commerce du monde, un nouveau container de fret. Constitué d’un mélange de fibres de verre et de résine et d’une structure acier, il est selon ses concepteurs 20% plus léger, plus solide, plus isolant et 20% moins polluant que ses célèbres ancêtres 100% acier, lesquels restent la norme depuis leur lancement dans les années 60. Cette innovation a été conçue par Aeler Technologies, start-up de 21 personnes fondée sur le campus de l’EPFL en 2018 par deux Lausannois de 30 ans, anciens élèves de la prestigieuse haute école, mais est fabriquée en Europe de l’Est.

Plus de 1300 commandes

«Nous avons totalement repensé ces conteneurs pour les adapter aux besoin du XXIe siècle, résume David Baur, co-fondateur d’Aeler technologies. A savoir qu’ils sont géolocalisables et capables de détecter des variations de températures, d’humidité ou de luminosité ou même des ouvertures intempestives des portes…» Cette dernière caractéristique permet d’éviter les vols ou surtout les trafics illégaux. Le gain de poids des composites par rapport à l’acier implique un meilleur bilan carbone, un atout important à l’heure où 3% des émissions mondiales de CO2 proviennent du fret maritime. «Cette légèreté est aussi synonyme d’un gain significatif sur les coûts de transports bien que nos containers puissent contenir jusqu’à quatre tonnes de marchandise de plus qu’un container classique», explique Naïk Londono, CEO d’Aeler Technologies.

Nouvelle norme

Avec leurs containers intermodaux, les entrepreneurs visent principalement le transport de liquide (huile, vin, jus et autres fluides sans nocivité) mais aussi de biens sensibles thermiquement pour lesquels la sécurité et la qualité de la cargaison est très importante. Mais le duo n’exclut pas que ce genre de containers s’imposent à terme comme la nouvelle norme. Pourquoi avoir choisi la Suisse et Lausanne pour s’attaquer à ce marché? «Car, même s’il n’y a aucun grand port ici, ce pays demeure important dans le secteur du trading et jouit d’une forte crédibilité dans le domaine des technologies de pointe. Et puis nous mettons à profit ici un réseau entrepreneurial et scientifique fertile», répondent les intéressés. Ces derniers revendiquent à ce jour plus de 1300 conteneurs de 20 pieds de longs en commande contre une centaine début 2020. Une dizaine de leurs containers seulement sillonne actuellement les mers.

Adoubés par Bertrand Piccard

David Baur et Naïk Londono mènent une levée de fonds de sept millions de francs, histoire de poursuivre leur croissance, laquelle devrait voir passer leur entreprise à 60 employés d’ici début 2022. Et ils espèrent produire 200 à 500 conteneurs par mois, à la vente ou à la location, d’ici le milieu de cette même année. Trois demandes de brevets internationaux ont été déposées pour protéger leur invention. Laquelle a déjà été adoubée par la Fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard pour sa contribution à la baisse du bilan carbone dans le secteur maritime et sa rentabilité.