Des Mongols seront la coqueluche des JOJ 2020

SKI DE FOND • Grâce à un Vaudois passionné, des jeunes Mongols concourront à ski de fond lors de Lausanne 2020. C’est LA belle histoire de ces jeux qui s’ouvriront le 9 janvier. Nous vous la racontons.

  • Pascal Gertsch et Alain Bohard, leur entraîneur français.  JEAN-GUY PYTHON

    Pascal Gertsch et Alain Bohard, leur entraîneur français. JEAN-GUY PYTHON

Zolbayar Otgonlhagva enchaîne consciencieusement les tours de circuits à Prémanon (F) sur ses skis à roulettes. Nous sommes fin août 2019 à deux pas de la Vallée de Joux. En temps normal, l’ado habite une yourte plantée dans les steppes mongoles. Sa famille y élève des chevaux selon un mode de vie nomade ancestral. Voici quatre ans, le Mongol de 17 ans savait à peine ce qu’était le ski de fond. En janvier prochain, lui et (au moins) une compatriote partie de rien, s’aligneront pourtant aux côtés de 158 autres sur les épreuves de ski nordique de Lausanne 2020.

Du ski et la Mongolie

Rien ne les prédestinait à cela. Rien sauf l’histoire d’amour unissant le Vaudois Pascal Gertsch à la Mongolie et au ski de fond! Cet ancien généraliste de 73 ans, ayant officié 33 ans aux Diablerets, fut médecin de l’équipe suisse de fond. Tout a commencé en Mongolie en 2016 sur une boutade. «Tombé amoureux» de ce pays quatre ans plus tôt, Gertsch y «pérégrinait» lorsqu’un jour, un colonel de l’armée se fait lyrique en lui montrant une plaine, lieu de naissance supposé de Gengis Khan. Le Vaudois lui lance: «Ici, vous devriez organiser une course de ski de fond et l’appeler Trophée Gengis Khan!» Le militaire le prend au sérieux. Aujourd’hui, la course existe et le ski de fond se développe en Mongolie. Pascal Gertsch y a même dessiné une première piste, récemment homologuée par la FIS. En chemin, le septuagénaire s’est frotté à «l’enthousiasme contagieux» des jeunes Mongols. Et il s’est mis en tête de les porter vers le haut niveau de Lausanne 2020 à grands renforts de coups d’entraînements ciblés et de longs stages notamment en Suisse. Le tout en grande partie à ses frais et en ayant rameuté son réseau. Les jeunes étaient 47 au départ. Cet été, ils n’étaient plus que six. Ian Logan, Directeur de Lausanne 2020, a eu un coup de cœur pour ces jeunes attachants. Il est vrai que leur histoire, faite de candeur, de sueur, de rires et de larmes illustre à merveille ce que devrait être l’olympisme.

Tels des chevaux fougueux

«Ces gamins sont des chevaux fougueux. Ils ne savaient pas s’entraîner, pensaient qu’il fallait toujours aller à fond et restent persuadés qu’ils s’affaibliront s’ils ne mangent pas de la viande à tous les repas, mais ils sont aussi très solides et simples. Ils ont un esprit d’équipe remarquable et une belle marge de progression», nous confiait Alain Bohard, leur entraîneur français, lors du stage combier de l’hiver passé. De son côté, Pascal Gertsch se disait carrément persuadé, à l’occasion de leur récent passage en Suisse, que les meilleurs d’entre eux auront le niveau de se qualifier pour les véritables JO de Milan-Cortina en 2026 s’ils continuent à s’entrainer judicieusement.

Le Vaudois les connaît bien. Il leur a soufflé dans les bronches avec bienveillance, les a hébergés dans son chalet, les a soignés et a même passé des soirées autour du feu à rire et à chanter avec eux dans les épaisses forêts du Jura pour se protéger des mauvais esprits. «Pascal n’abandonne jamais. Nous sommes plein de gratitude pour tout ce qu’il fait pour nos jeunes athlètes» confirme d’ailleurs Madame Kathan, présidente de la petite fédération mongole. Grâce au Vaudois, non seulement ses protégés participeront aux JOJ mais en plus «ils n’auront vraiment pas l’air ridicules»… Laurent Grabet