Marivaux reviens, elles sont devenues folles…

CHRONIQUE SATIRIQUE - Relire Marivaux serait plein d'enseignements pour nombre de féministes intégristes: car lutter contre le viol au prix de l’amour, revient à guérir un cancéreux avec un traitement qui le tuera.

Les ayatollahs du féminisme extrême devraient relire Marivaux, cet auteur français du 18ème siècle à qui l’on doit le célèbre nom de «marivaudage» qui décrivait le subtil art de l’échange de propos galants, dans une sorte de jeu de cache-cache amoureux et raffiné exercé dans le dessein de faire monter, de part et d’autre, le désir… Evidemment, parler de marivaudage dans une époque où même le mot séduction devient une offense, c’est afficher un chiffon rouge sous le regard d’activistes drapées de violet…

Et pourtant, de mémoire d’homme si l’on ose encore dire, dans les courtois jeux de l’amour et du hasard, il ne peut y avoir de vraie séduction sans consentement bien sûr, mais aussi sans allées et venues, sans ambiguïté excitante, sans suggestions délicieuses et non-dits prometteurs, autant d’errements orgasmiques qui seuls peuvent conduire à cette alchimie unique que l’on appelle, bien au-delà de l’accouplement anatomique, l’amour. Alors, lorsqu’aux chambres fédérales on en arrive à débattre pour un «oui c’est oui» coïtal à la place d’un «non c’est non» anticoïtal, pourtant largement explicite, c’est tout simplement l’amour que l’on tue. C’est oublier à quel point le désir qui traverse l’échine et tout le reste, se nourrit aussi du silence, dans cette triste époque où il faut mettre un nom sur tout, où les mots sont affublés du terrible devoir d’exorciser tous les maux.

Lutter contre le viol au prix de l’amour, c’est guérir un cancéreux avec un traitement qui le tuera.