"Je m’appelle Oussama et je suis un terroriste"

Chaque semaine, la mouette de Lausanne Cités pousse un cri strident devant un évènement marquant de l'actualité. Cette semaine notre chroniqueur Alan Monoc s'est mis dans la peau d'Oussama Ben Laden. Attention, second degré de rigueur...

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Bonjour, je m’appelle Oussama et je suis un terroriste. Je suis atteint de cette terrible addiction à la destruction, qui vous tue à petit feu, mais qui fait encore plus de mal à l’entourage, une co-dépendance dont tout le monde sort perdant: moi et surtout les autres.

Comme toujours avec les addictions, tout a commencé alors que j’étais très jeune, par de mauvaises fréquentations, quelque part entre l’Arabie Saoudite et la CIA, mon père et ma mère spirituels qui m’ont tout donné, puis tout enlevé. Et puis tout s’est enchainé. La descente aux enfers des attentats compulsifs et frénétiques et rien n’a pu enrayer la machine infernale. Jusqu’à ce jour funeste du 11 septembre où j’ai réussi mon coup le plus fumant, mon chef d’œuvre, le couronnement de mon existence.

J’ai pourtant tout essayé pour devenir abstinent: cinquante prières quotidiennes, des appels incessants à mon référent CIA du groupe des terroristes anonymes et je me suis même inscrit - en vain - au programme de déradicalisation en douze étapes. Rien, au bout de mon chemin de Croix et d’abstinence, il y avait toujours la terrible rechute et terroriste j’étais, terroriste je suis resté. La guérison et l’apaisement? J’ai cru un moment les trouver grâce à mes anciens amis d’hier qui, par une sombre nuit pakistanaise, ont eu l’élégance d’enfin mettre fin à mes jours et à mes tourments. Arrivé dans l’enfer céleste, ce ne sont pas des vierges que j’ai trouvées, mais les enseignements de la Prière de la sérénité. «Allah, donne-moi la sérénité d’accepter les cibles que je ne puis exploser, le courage de détruire celle que je peux, et la sagesse d’en connaître la différence.» Je m’appelle Oussama et je suis toujours un terroriste. Car vous m’avez tué, mais je ne suis pas mort.