Chronique: Alors, ça roule ma poule?

Mais que se passe-t-il au sein - c'est le cas de le dire - des compagnies artistiques? Avec le ton satirique qu'on lui connait notre chroniqueur Alan Monoc s'est mis dans la peau d'un directeur artistique...

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Ok ok ma poule, tu as raison c’est vrai, des fois dans le monde artistique, on peut être un peu lourdingues avec nos bisous qui traînent, nos yeux qui pointent hors de leurs or-bites, nos mains un peu baladeuses.

Mais oui, je sais aussi qu’il nous arrive d’être insupportables avec nos sautes d’humeur de bipolaires, nos crises de rage incoercibles… Mais croix de bois croix de fer si je mens je vais en enfer, c’est pour votre bien, c’est pour vous aider à enfanter le meilleur de votre talent, histoire de vous réveiller et créer une «tension féconde» et une concurrence émulatrice.

Que veux-tu ma poule, dans le monde exigeant du management artistique, on ne se rend pas toujours compte de ce que l’on fait, notre génie créateur nous accapare à l’extrême au point de tout occulter, sauf le résultat artistique, le talent, la renommée, que dis-je, la gloire. Parce que ma poule, nous sommes des artistes, oui des ARTISTES. Notre sale caractère, nos injures, pardon notre exigence, devrais-je dire, c’est le prix à payer pour notre génie, sans lequel ma poule avoue-le, toi et tes collègues, ne seriez rien…

Quoi, que dis-tu ma poule? Votre corps vous appartient? Votre âme aussi et on ne peut même plus vous brutaliser un peu? Ah bon? Parce que vous avez une âme? Ah d’accord, mais pourquoi ma poule, personne ne nous a dit qu’on avait changé d’époque? Tout ça n’est plus acceptable? Eh ben alors, comment on va faire maintenant pour faire de l’art?

Ah oui d’accord ma poule, c’est ça la solution? Renforcer notre management en nous affublant de spécialistes en ressources humaines ? D’accord d’accord, ma poule ça me va. C’est même une très bonne idée pour pouvoir continuer à danser en rond.