L'attentisme lausannois en matière de publicité urbaine...

PUBLICITE COMMERCIALE • La clameur antipub s’amplifie. A Genève, on vote ce dimanche pour savoir s’il faut l’interdire en ville. Lausanne fait pour sa part preuve d’un attentisme coupable.

  • VERISSIMO

    VERISSIMO

Faut-il bannir la publicité commerciale de l’espace public? Un peu partout en Suisse, la question titille les esprits mais, pour l’heure, n’obtient que des refus polis d’entrer en matière. En tous cas à l’échelle des grandes villes. Sauf peut-être à Genève où, ce dimanche 12 mars, les citoyens vont se rendre aux urnes pour dire s’ils acceptent que leur cité devienne la première en Suisse à s’affranchir de publicités de ce type.

Jusqu’au Tribunal fédéral

Ce vote est le résultat d’un long processus, né en 2017, lorsque la ville s’est retrouvée sans affichage pendant plusieurs jours en raison d’un changement de régie publicitaire. Des habitants se sont alors emparé des panneaux devenus vierges pour y inscrire des messages ou faire des dessins. Dans la foulée, plusieurs organisations issues des milieux de gauche se sont liguées pour élaborer l’initiative «Zéro pub» qui vise à «préserver le paysage urbain et redonner de l’espace public à la population». Elle se sont heurtées à une forte opposition des milieux de droite qui y ont vu un texte portant atteinte à la liberté économique. L’affaire est remontée jusqu’au Tribunal fédéral qui a fini par trancher, donnant ainsi raison aux initiants.

De la cohérence en politique

En juin dernier, à Lausanne, un postulat déposé en ce sens au Conseil communal a en revanche été rejeté. La Municipalité n’en a pas voulu, car la Ville engrange chaque année trois millions de francs de redevances grâce à la pub commerciale, montant qui «permet (…) aussi aux milieux culturels, sportifs et associatifs de bénéficier d'espaces d'affichage gratuits».

Tout comme dans l’affaire des récents emprunts faits à la FIFA, on peut comprendre la logique qui vise à une saine gestion des deniers publics. Mais qu’en est-il de la cohérence du message politique qu’on délivre quand on joue constamment sur des doubles standards moraux pour justifier ses prises de positions? A force de pondérer éthique et intérêts en fonction d’où souffle le vent, on risque de perdre son âme et sa crédibilité. Ce qui n’est pas le cas de Genève, ville de gauche aussi, qui assume de perdre quelques millions dans l’affaire, mais se montre cohérente quant à ses engagements politiques et moraux. Lausanne devrait en prendre de la graine!