Une initiative, pénalisante pour les revenus modestes

On le sait, la TVA est un impôt foncièrement antisocial, puisqu’il s’agit d’un impôt où les plus riches et les plus pauvres sont astreints au même taux d’imposition. Raison pour laquelle la TVA comporte un taux normal de 8% et un taux réduit de 2,5% qui s’applique à des prestations de consommation de base de tous les ménages, notamment les denrées alimentaires et les médicaments. Actuellement, les aliments vendus «à l’emporter», tels les sandwichs, bénéficient du taux réduit. L’initiative de Gastrosuisse demande que «les prestations de la restauration soient imposées au même taux que la livraison de denrées alimentaires».

Très concrètement ce que souhaitent les restaurateurs c’est bénéficier du taux réduit de 2,5%. Dans ce cas, il en résulterait une diminution des recettes de TVA de 700 à 750 millions par an, diminution qui devra être compensée. Elle le sera, d’après le Conseil fédéral, par une augmentation du taux réduit qui passerait de 2,5 % à 3,8 %, soit une augmentation de 50%.

Cela signifie concrètement une augmentation du prix des aliments qui pénaliserait essentiellement les ménages les plus modestes. Il leur restera la possibilité soit d’aller faire leurs achats à l’étranger, soit de faire des économies sur la nourriture, c’est-à-dire de mal s’alimenter. Pour le surplus, il est fort douteux que l’initiative de Gastrosuisse bénéficiera aux clients des restaurants. Elle servira surtout à renflouer des établissements dont le 62% sont dans les chiffres rouges. Ce qui est certain, c’est que cette initiative pénalisera tous ceux qui n’ont pas les moyens d’aller au restaurant et qui se nourrissent avec des aliments achetés dans les commerces ou «à l’emporter». Alors, d’accord d’aider les restaurants, mais pas au détriment des revenus modestes.