Pour des taxis d’intérêt public

  • Benoît Gaillard, Conseiller communal Président du PS Lausannois. DR

    Benoît Gaillard, Conseiller communal Président du PS Lausannois. DR

La sous-enchère salariale fait l’unanimité contre elle. Personne ne défend les conditions de travail abusives en vigueur sur certains chantiers, qui ne respectent pas les règles et les usages locaux.

Mais serions-nous plus tolérants si nous pouvions commander, via une application smartphone, des ouvriers étrangers demandant des salaires de misère sans cotisations sociales?

La fraude serait-elle soudain appelée innovation si les entreprises responsables étaient des start-up venues de Californie?

L’arrivée en Suisse de l’entreprise Uber s’accompagne d’un imposant plan de communication financé depuis les Etats-Unis.

Il s’agit de faire comprendre que les services proposés sont modernes, sympathiques, et moins chers. Sur le terrain, comme pour la sous-enchère, la méthode est brutale, défavorise les chauffeurs et fausse gravement la concurrence.

Oui, les prestations proposées aujourd’hui sont parfois un motif d’insatisfaction.

Oui, le fonctionnement des taxis dans la région lausannoise doit se moderniser.

Oui, la réglementation doit être simplifiée.

Mais cette insatisfaction légitime ne justifie pas l’attitude béatement positive qu’ont adoptée les représentants de la droite vis-à-vis d’Uber.

La séduisante interface électronique et les tarifs plus bas cachent une attaque contre les conditions de travail.

Pensés comme un service public disponible à toute heure, les taxis doivent être un complément aux transports publics. La multinationale californienne vise tout autre chose: elle veut, ici comme ailleurs, casser les reins de la concurrence pour établir un monopole. Et ceci en contournant les réglementations établies mais aussi en échappant à l’impôt.

Basé à San Francisco, opérant en Europe par une filiale néerlandaise, Uber est bien connu pour éviter le paiement de la moindre taxe publique – tout en prélevant aux chauffeurs 20% du prix de chaque course, soit une marge très confortable.

Réformer les taxis est impératif. Le processus en cours doit être poursuivi et renforcé.

Eliminer certaines exigences dépassées, renforcer la disponibilité des voitures, améliorer l’offre pour les passagers, le confort de paiement et de transport.

Mais se livrer pieds et poings liés au monopole d’Uber serait une absurdité dangereuse.