On aurait pu intituler l'histoire «pas d'ombre sur ma maison». Il y a quelques semaines, on apprenait qu'Adèle Thorens, Conseillère Nationale lausannoise et coprésidente du parti suisse des Verts, bloquait la construction d'une maison familiale sur la parcelle voisine de la sienne. Le prétexte? Cela aurait fait de l'ombre à ses capteurs solaires. On croit rêver. A l'arrivée, quatre années de procédure judiciaire, de blocage et d'attente pour une famille. Mais surtout quatre années de bisbilles entre une municipalité de gauche et une élue écologiste. Tout cela, pour voir cette dernière finalement déboutée par la justice.
En Grande-Bretagne, on rangerait à coup sûr Mme Thorens dans la catégorie des Nimbies. Ce groupe s'oppose à tout projet de développement, qu'il soit urbanistique, porteur d'infrastructures nouvelles ou sociales, parce qu'il est susceptible de nuire à leur confort. Sur le principe, les Nimbies sont d'accord, mais «Not In My Back Yard», littéralement pas dans mon arrière-cour.Cette attitude prêterait à rire si la situation du logement n'était pas un enjeu majeur de nos villes. Ce d'autant plus depuis que la population a massivement soutenu la LAT et la densification. Une densification précisément prônée par… Mme Thorens et l'ensemble de la gauche. A Genève, c'est même le maire, Rémy Pagani, qui bloque les rehaussements de bâtiments, car ils ne remplissent pas ses critères politiques.
L'heure est à la recourite aiguë. A la Pontaise, des citoyens se mobilisent pour bloquer la destruction d'une maison au profit d'un parc locatif neuf. Métamorphose attendra. Aux Bergières, le rehaussement des immeubles pour créer plus d'une centaine d'appartements a trouvé ses objecteurs. A Bussigny, c'était une tour qui ne passait pas le cap des urnes, car la vue sur le Mont Blanc était bouchée. Demain ce sera le M3 ou le contournement de Morges. Pour des habitants du quartier du CHUV, il faudrait tout simplement moins d'hélicoptères pour transporter les blessés. Ombre, bruit, espace, panorama… la densification a la vie dure. Au vu des scores écrasants de la LAT dans les communes de Lausanne et de l'Ouest lausannois on a bien compris le message: faites comme je vote, pas comme je fais.