Ces boissons énergétiques qui donnent le frisson

  • Stéphane Montangero, Vice-Président PS Vaud,Député au Grand Conseil

    Stéphane Montangero, Vice-Président PS Vaud,Député au Grand Conseil

Qui aurait l'idée de donner à boire à un enfant de 11 ans 2 cafés auxquels on aurait ajouté 7 à 8 morceaux de sucre? Personne. Pourtant, la plupart des boissons dites énergisantes contiennent ces deux produits. Et bien d'autres. Comme de la taurine, du glucuronolactone, de l'inositol, des sels minéraux et du dioxyde de carbone, notamment. Dit ainsi, cela ne fait guère envie. Mais le marketing est là pour nous rendre ces boissons indispensables. Et ce marketing vise en particulier les jeunes et les ados.

Avec des résultats: en douze ans, soit entre 1998 et 2010, date de deux enquêtes menées par Addiction Info Suisse sur la santé des écolières et écoliers, on constate que la consommation de ce type de boissons une ou plusieurs fois par jour est multipliée par 3 pour les garçons et filles de 15 ans (garçons: de 5.5% à 14.2% / filles: de 2.4% à 7.6%). Plus inquiétant: ce type de consommation touche également les plus jeunes: les résultats de l'enquête 2010 indiquent qu'à 11 ans, 5.3% des garçons et 1.9% des filles déclarent en consommer une ou plusieurs fois par jour. Toujours en 2010, à 15 ans, 59.6% des garçons et 38% des filles déclarent en consommer au moins une fois par semaine.

Tout cela démontre la nécessité de se préoccuper de ce phénomène très rapidement, avant que les dégâts ne soient trop importants. En effet, aucune étude indépendante n'a pu à ce jour prouver que les produits contenus dans ces boissons sont sans danger pour la santé à moyen et long terme. De fait, on est en droit de s'interroger si nous ne nous trouvons pas devant une «bombe à retardement sanitaire», comme ce fut le cas par exemple avec le tabac il y a quelques décennies.

Enfin, l'ordonnance fédérale sur les aliments spéciaux (RS 817.022.104, art. 23, al. 4) indique que «dans le cas des boissons spéciales contenant de la caféine, les indications requises à l'art. 4, al. 1, doivent être complétées par les informations suivantes: (…) cf. la mention «ne pas mélanger avec de l'alcool». Or cette mention a disparu depuis quelques temps des emballages de certaines boissons énergisantes. A croire qu'à force de vouloir donner des ailes, certains croient pouvoir s'élever au-dessus des lois.