Ce qu'il faut à l'école, c'est de l'air!

  • Jacques Danielou, Président de la Société pédagogique vaudoise.

    Jacques Danielou, Président de la Société pédagogique vaudoise.

En Terre vaudoise, la rentrée scolaire s'effectue sous une Sainte Trinité: Harmos, orientation fédérale, rend notamment obligatoire le fait de fréquenter l'école enfantine et bientôt d'apprendre l'anglais dès l'âge de 11 ans. Ensuite, la nouvelle loi scolaire cantonale, dite LEO, modifie profondément la structure du secondaire I par le passage à un système à deux voies et à deux niveaux pour 3 branches en voie générale. Enfin, le Plan d'études romand, le PER devrait commencer à dérouler ses effets concrets et réels.Dans ce contexte, où l'école est par ailleurs pilotée par des contingences locales (les transports et la mise à dispositions des locaux dépendent des communes), les autorités scolaires se doivent de donner des impulsions positives et de tabler sur le professionnalisme des enseignants. Or, au contraire, c'est un véritable déluge de prescriptions qui s'abat sur les professionnels de l'école, dont le quotidien est envahi de consignes et de directives.

Toute activité nécessite désormais la référence explicite aux objectifs les plus pointus du PER. Une rencontre entre l'école et la famille doit être organisée selon un plan décidé par le département. Un visa pour la Corée du Nord est désormais plus aisé à obtenir qu'une autorisation pour se rendre dans la forêt. Plus ou moins contraignantes, ces injonctions empêtrent le quotidien; elles créent et entretiennent un véritable climat de suspicion.

En vérité, cette multiplication de textes - par ailleurs souvent aussi vite oubliés que publiés - n'est que la preuve de la fragilité, de la fébrilité et de la vulnérabilité d'un système qui cherche à se protéger et à se prémunir de tout, envers tout et tous, contre tout et tous.On l'aura compris, ce qu'il faut aujourd'hui à l'école de ce canton, c'est de l'air, de la liberté d'action, seule manière de fonder une réelle responsabilité professionnelle des enseignants.

Mais pour cela il faut que l'ensemble des acteurs, parents, autorités, directions d'établissement, maîtresses et maîtres, se fassent confiance. C'est aujourd'hui le principal défi auquel est confrontée l'école vaudoise. Et une des conditions pour que les enseignants, reconnus comme respectables, soient à nouveau respectés.