Chauffeurs au bord de la crise de nerfs

TRANSPORTS PUBLICS • Il y a près de deux ans, Lausanne Cités avait pointé du doigt la situation critique des chauffeurs de bus des transports de la région Morges-Bière-Cossonay (MBC). Depuis, rien n'a changé. Pire encore, l'absentéisme n'a jamais été aussi fort.

  • En l’espace de quelques années, les journées sont devenues beaucoup plus difficiles pour bien des chauffeurs.

    En l’espace de quelques années, les journées sont devenues beaucoup plus difficiles pour bien des chauffeurs.

Au début du mois, un véhicule des MBC a terminé sa course contre un muret. C'était un vendredi soir et il était 22h15. Heureusement, il n'y a pas eu de blessé. La chance ne sera pas toujours au rendez-vous si la situation perdure. En effet, les chauffeurs de bus sont soumis à rude épreuve. Leurs conditions de travail se sont nettement dégradées depuis plusieurs années. Ils sont au bord de la crise de nerfs. Comme nous le confiait, la voix un peu tremblante, l'un d'eux, qui ne compte plus les années de métier à Morges: «Les choses ont changé et certainement pas en bien, révèle Roger*. En l'espace de quelques années, les journées sont devenues beaucoup plus difficiles. On rentre le soir à la maison avec une fatigue importante qui est le premier facteur de stress. Heureusement que le contact avec les gens nous permet de tenir, pour l'instant, la tête hors de l'eau, mais je ne sais pas si cela va durer d'autant que les agressions sont de plus en plus nombreuses.»Un constat que fait également Johan Pain, chauffeur depuis plus de 25 ans et président de la section SEV-TL pour les régions de Morges et de Lausanne. «Ce stress concerne un chauffeur de bus sur deux, c'est énorme! Les facteurs sont multiples. Il y a notamment les cadences qui sont plus fournies qu'auparavant. Du coup, les temps d'arrêt entre deux trajets sont de trois ou quatre minutes seulement. Ce qui est amusant, c'est que nous avons demandé à ce qu'il y ait des toilettes à chaque terminus de ligne. Ils ont été installés, mais nous n'avons plus le temps pour y aller!»

Inquiétudes

Michel Pernet, directeur des transports de la région Morges-Bière-Cossonay (MBC), concède que la situation est difficile: «Nous sommes clairement en manque de personnel, l'absentéisme est fort. Il faudra serrer les dents un moment encore car nous sommes en phase de recrutement. Et les premières améliorations vont se ressentir à la fin de l'année.» Une analyse est en cours au sein des MBC pour déterminer les causes de cet absentéisme. Le stress au travail? C'est l'une des variantes. Il est donc urgent d'agir car une étude menée par le Syndicat des transports (SEV) avait déjà révélé la gravité de la situation. Au moins 50% des employés des transports publics se déclarent stressés ou atteints physiquement (maux de dos, aux épaules ou de cou) par leur métier.Christian Fankhauser, secrétaire syndical au sein du SEV, propose une solution radicale pour améliorer la situation: «Il faut savoir que depuis trois ans, 36% du personnel des MBC estime que la situation s'est dégradée. Le seul moyen est de rendre le centre-ville de Morges piéton, cela éviterait un trafic surchargé pour les chauffeurs.» Un absentéisme en hausse, des employés au bord de la crise de nerfs, des accidents en fin de journée, la situation s'annonce périlleuse si rien n'est entrepris rapidement...

* Nom connu de la rédaction