Molestée pour avoir défendu un enfant

MENDICITE • En voulant intervenir auprès d'un Rom qui mendiait avec un bébé dans les bras, une Lausannoise s'est fait molester en pleine rue. Elle dénonce l'impunité dont ils bénéficient alors même que la Municipalité s'apprête à prendre des mesures.

  • Les élus lausannois débattront autour de la mendicité à la fin du mois au Conseil communal.

    Les élus lausannois débattront autour de la mendicité à la fin du mois au Conseil communal.

«Les Roms mendient et font la loi sur les trottoirs lausannois en toute impunité. Avec leurs enfants qui plus est! Et gare au citoyen qui s'aventure à dire ce qu'il pense. On doit juste se taire et détourner les yeux», lance Jeanine. Cette sexagénaire alerte sait de quoi elle parle. Pour avoir tenté d'expliquer à un mendiant que son bébé n'avait pas à être dans la rue au froid, elle a été violemment prise à partie.«Je suis en partie responsable, je n'aurais pas dû intervenir. Mais, en même temps, voir un enfant instrumentalisé de la sorte dans la rue, me révolte». Peu après Noël, Jeanine passe devant un Rom qui mendie avec son bébé dans les bras devant un grand magasin. Elle lui fait gentiment remarquer que le bébé n'a pas sa place dans la rue. Comme elle se fait copieusement insulter, elle décide de signaler le cas au gérant du magasin qui chasse le mendiant.

Insultes et menaces

Deux jours plus tard, alors qu'elle marche sur la place St-François, le Rom, toujours avec un bébé, la reconnait. Furieux, il se dirige vers Jeanine, l'empoigne par le menton et se met à l'insulter. Une passante s'interpose et permet à Jeanine de se réfugier dans une bijouterie toute proche. Témoins de la scène, les employés appellent la police pendant que l'agent de sécurité garde le mendiant en attendant l'arrivée de la police.Emmené au poste, le mendiant y passera une nuit avant d'être relâché. Jeanine, qui assure ne pas avoir été blessée, «tout juste bousculée», a préféré ne pas déposer plainte. Mais, ce qui la révolte, c'est de voir que ce Rom mendie toujours dans la rue avec son bébé dans les bras. «J'ai l'impression que le citoyen ne peut que se taire et changer de trottoir. Les Roms connaissent le flou juridique qui entoure cette situation et en profitent largement!», souligne Jeanine.«Actuellement, les personnes mendiant avec des enfants ne sont pas dénoncées sauf lorsqu'on constate qu'un enfant est poussé à mendier», explique Anne Plessz. Selon la porte-parole de la police municipale lausannoise, les cas comme celui de Jeanine sont rares. «Nous n'avons pas constaté de comportements plus agressifs des Roms», souligne-t-elle.

Au Conseil d'Etat de trancher

La mendicité avec des enfants n'est en effet pas interdite dans le canton. Si le Grand Conseil vaudois a accepté en novembre dernier de sanctionner pénalement ceux qui le font, il a en revanche renvoyé la motion au Conseil d'Etat pour que celui-ci se prononce. A Lausanne, la Municipalité planche sur un projet pour restreindre la mendicité sans criminaliser la pauvreté. Objectif visé: faire coexister le plus pacifiquement possible les mendiants et la population lausannoise.