La Blécherette sur la sellette

AÉROPORT • Excédés par les nuisances liées à l'aéroport de la Blécherette, des riverains lancent une pétition. Leur objectif : peser sur le conseil communal de la Ville, Lausanne étant propriétaire du terrain.

  • Un aéroport qui gère environ 30'000 mouvements chaque années.

    Un aéroport qui gère environ 30'000 mouvements chaque années.

Trop bruyant, pas assez sûr, l'aéroport de la Blécherette? C'est en tout cas ce qu'affirment un certain nombre de ses riverains excédés par les nuisances qui, selon leurs dires, prétéritent au quotidien leur qualité de vie.«Ce type d'aéroport avec des petits avions pose un incontestable problème de sécurité, argumente Alain Faucherre, un des membres du Collectif des riverains de l'aéroport. Il y a quelques jours, un petit avion s'est crashé du côté de Lyon, il y a deux mois, c'était à Prangins. Si par malheur à la Blécherette, un avion venait à décrocher juste après le décollage, il tomberait directement sur le quartier de Boisy-Pierrefleur, avec son école et ses habitations! En plus, selon la réglementation, un avion ne doit pas voler en dessous de trois cents mètres, ce qui n'est pas le cas de la Blécherette, qui bénéficie d'un traitement de faveur».

Limiter les heures

En outre, le trafic aérien de l'aéroport, «dédié aux loisirs et à l'apprentissage du pilotage», ne justifierait en aucun cas les nuisances subies par le voisinage. Autant d'arguments qui ont poussé le Collectif à lancer une pétition contre l'aéroport. Avec un double objectif: peser sur le conseil communal (la ville de Lausanne est propriétaire du terrain), mais aussi, à Berne, sur l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC), autorité de surveillance du trafic aérien. Et d'égrener leurs exigences: «nous souhaiterions inscrire des mesures de lutte contre le bruit dans le règlement de l'aéroport, explique Alain Faucherre. Par exemple, et cela se fait ailleurs, taxer les avions les plus bruyants. Tout en limitant les heures de vol des écoles de pilotage, ainsi que les vols le dimanche. On interdit bien les tondeuses à gazon le dimanche, pourquoi pas les avions?»Directeur de l'aéroport de la Blécherette, Bertrand Mayor cache mal son indignation: « Il y a dans les arguments développés une véritable mauvaise foi. Nous sommes soumis au contrôle de l'OFAC, s'insurge-t-il. Croyez-vous qu'on nous laisserait faire, si les avions volaient trop bas? Nous respectons toutes les normes en vigueur, pour les horaires de vol, et pour la question du bruit sur laquelle nous avons fait beaucoup d'efforts. En outre, il y a d'autant moins de nuisances que le nombre de mouvements enregistrés à la Blécherette est plutôt à la baisse.»

Important pour l'économie

Entre 2011 et 2012, le nombre total de mouvements est en effet passé de 38'888 à 33'000 décollages-atterissages, soit une baisse de 5000 unités. Un constat que remet pourtant en cause Alain Faucherre, qui explique: «ces chiffres comptabilisent les atterrissages et les décollages, mais pas du tout les exercices d'approche sans atterrissage auxquels se livrent les élèves-pilotes, et ceux-là sont tout aussi bruyants!»«Je tiens à rappeler que l'aéroport a été privatisé en 1992 sur la base d'une votation populaire qui a eu un large écho, ajoute Bertrand Mayor. En plus, l'aéroport crée des emplois et représente une plate-forme importante pour l'économie vaudoise. Nous sommes très ouverts au dialogue avec les riverains, mais si leur objectif est la fermeture pure est simple de la Blécherette, l'entente va être difficile!»