Une Suisse «hypocrite»

  • Michel Rocard DR

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A 84 ans, Michel Rocard n’a perdu ni sa pugnacité, ni son sens aigu de l’analyse. L’esprit vif, jamais à court d’idée, il continue de porter sur le monde ce regard acéré qui en a toujours fait une personnalité politique à part, même au sein de son propre parti. Economiste de renom, figure emblématique de la gauche sociale-démocrate européenne, l’ancien 1er ministre de François Mitterrand demeure un Européen convaincu, bien qu’il jette aujourd’hui un regard noir sur l’avenir du Vieux Continent.

Il n’hésite pas ainsi à affirmer que l’Europe politique est en train de mourir. Pire même, que le Continent tout entier entame le deuxième grand déclin de son histoire. La faute à qui? A un système qui privilégie les prises de décision à l’unanimité et affaiblit l’Europe face aux autres grandes puissances et aux puissances émergentes. A la Grande-Bretagne aussi qu’il accuse de ne pas aimer l’Europe, de n’y être entré que pour «faire du commerce» et de paralyser son évolution politique. La faute enfin, et plus globalement, au néo-libéralisme et à sa main armée, la dérégulation financière, qui ont jeté le monde dans une crise sans précédent.

Et la Suisse dans tout cela? Michel Rocard l’a connaît bien et estime qu’elle a bien su se protéger, tout en jouant souvent les hypocrites, mais qu’à terme, quand l’orage éclatera vraiment, elle se retrouvera, elle aussi, inévitablement concernée (lire notre article).