Une prestation étatique

Aujourd'hui, en Suisse, quelque 6500 personnes dorment en prison. Un chiffre qui ne cesse d'augmenter et qui vient s'ajouter aux problèmes récurrents rencontrés dans ce type d'établissements: surpopulation, promiscuité, équipements vétustes. La plupart des prisons helvétiques sont devenues des marmites sous pression où tout peut exploser d'un jour à l'autre. La mutinerie survenue à la prison lausannoise du Bois-Mermet, en septembre dernier, en est le parfait exemple.Dans ce contexte particulièrement troublé, la volonté affichée d'economiesuisse de faire appel à des partenariats publics privés pour financer et gérer de nouveaux établissements peut paraître bonne. Ceci d'autant plus quand l'organisation faîtière annonce que les conditions de sécurité et de qualité y seraient garanties.Mais c'est toutefois oublier une chose essentielle: l'exécution des peines n'est pas un simple service public à travers lequel l'État gère l'accès à une prestation. C'est une institution où les libertés des citoyens font l'objet de très sévères restrictions. Accepter de confier ces missions à des intérêts particuliers, c'est croire que ces derniers peuvent garantir l'indépendance de la justice. L'administration des prisons ne doit pas être redevable de personnes ou de groupes privés. Ses décisions doivent être uniquement motivées par la nécessité de prévenir la récidive et non par le souci de préserver les intérêts d'un constructeur. A ce tire, il paraît indéniable que c'est l'Etat, et l'Etat seul, qui doit avoir la main mise sur ce type de service (lire en page 3).