Votations du 3 mars - Stop à la cupidité

Duel vaudois sur Minder - L'initiative Minder ne cesse de déchaîner les passions, surtout après l'affaire Vasela, patron de Novartis qui empoche un parachute doré de 72 millions.Une indemnité qui apparaît comme une véritable provocation, suscite la colère des actionnaires de son groupe et d'amères critiques à gauche comme à droite.Excédés, les Suisses pourraient bien s'acheminer vers un vote émotionnel. Reste que les partisans du contre-projet n'ont pas dit leur dernier mot à l'image de ceux qui défendent l'initiative. Deux de nos conseillers nationaux fraîchement élus à Berne en débattent: le socialiste Jean-Christophe Schwaab surfe sur la vague Vasela et le PLR Fathi Derder s'attaque à la personnalité de Thomas Minder.

  • Jean-Christophe Schwaab - Conseiller national

    Jean-Christophe Schwaab - Conseiller national

Jean-Christophe Schwaab Conseiller nationalEn fonction depuis 2011Date de naissance: 23 août 1979Parti politique: Parti socialiste

Etes vous surpris par le fait que l'initiative ait recueilli suffisamment de suffrages pour passer devant le peuple ? Qu'elle passe ou non, cette initiative ne représente-t-elle pas un signal fort pour tous ceux qui ont collectionné parachutes dorés et autres rémunérations anticipées ?

Je ne suis pas surpris, car les salaires abusifs provoquent la colère de la population. Mais pour que cette indignation ait un effet concret, il faut absolument que l'initiative passe! Il n'est en effet pas acceptable que des managers s'octroient chaque année des montants qu'un salarié lambda n'aurait pas assez de toute une vie pour dépenser. Ces salaires sont en outre dangereux, car ils incitent à la prise de risque et ce sont souvent les salariés et les contribuables qui paient les pots cassés. Enfin, les parachutes dorés sont scandaleux, surtout lorsqu'ils sont accordés à des managers qui quittent une entreprise en ruine.

Quel sens symbolique donnez-vous au fait qu'un entrepreneur en soit à l'origine ?

Cela me réjouit, car cela montre que les entrepreneurs « normaux », notamment ceux des PME, en ont eux-aussi assez de la cupidité d'une petite minorité de top-managers.

N'est-il pas normal que les actionnaires aient, comme le prévoit le texte de l'initiative un contrôle accru sur les rémunérations des dirigeants d'entreprises ?

Les actionnaires sont les propriétaires de l'entreprise. Ils doivent donc pouvoir décider ce qui s'y passe. Ils doivent aussi éviter que certains managers s'enrichissent aux dépens de l'entreprise. N'oublions pas que la majorité de la population est actionnaire par le biais des caisses de pension !

En quoi le texte du contre-projet est-il mauvais ?

Il est insuffisant. L'initiative interdit clairement les formes les plus choquantes de rémunérations abusives: parachutes dorés, primes de bienvenue, primes en cas de vente d'entreprise. Le contre-projet, lui, permet échappatoires et exceptions. En outre, l'initiative prévoit que les actionnaires se prononcent dans tous les cas sur les salaires de la direction, alors que le contre-projet laisse la porte ouverte à des votes consultatifs, donc sans valeur. Or, c'est au niveau des directions que les abus sont les plus importants.

Quel regard portez-vous sur la campagne qui vient de s'écouler ?

Les opposants ont tort de prétendre que l'initiative concerne les PME, car elle ne s'appliquerait qu'aux entreprises cotées en bourse. Et quand ils prétendent que l'initiative ferait fuir les entreprises, ce n'est que pure spéculation: ils n'ont amené aucun fait pour étayer cette argumentation.