Quand Lausanne harcèle ses automobilistes!

- Depuis le 1er novembre, l’horaire de stationnement payant en ville a été rallongé d’une heure. Il faut désormais payer jusqu’à 20h au lieu de 19h.
- Une résolution du Conseil Communal pour suspendre cette décision a été rejetée à une seule voix.
- De nombreuses voix de mécontents se font entendre, d’autant plus qu’une rumeur laisse penser que les zones macarons vont prochainement être diminuées.

  • Des horodateurs qui vont rapporter 300'000 frs supplémentaires. DR

    Des horodateurs qui vont rapporter 300'000 frs supplémentaires. DR

«Encore une fois, on voit à quel point l’automobiliste est pris pour une vache à lait » Jean-Marc Probst, chef d’entreprise

«Encore une fois, on voit à quel point l’automobiliste est pris pour une vache à lait», s’énerve l’entrepreneur Jean-Marc Probst à l’annonce du prolongement des heures de stationnement payantes à Lausanne. Une réaction partagée manifestement par de nombreux automobilistes et la moitié du Conseil communal. «Lorsque la Ville de Lausanne augmente ses prélèvements aux automobilistes, rien ne dit que cet argent sera utilisé pour des mesures favorisant le parking ou le trafic.

Pour la route?

Bien au contraire, cet argent va tomber dans la caisse générale de la commune et lorsqu’il s’agira d’améliorer le parking ou le trafic par l’une ou l’autre mesure, on nous répondra simplement qu’il n’y a pas d’argent», ajoute le chef d’entreprise lausannois.

Ce dernier se trouve d’ailleurs dans le comité de l’initiative fédérale qui vise à ce que l’argent récolté sur la route, et donc versé par les automobilistes, revienne à la route.

Mesure injuste

Cette annonce passe d’autant plus mal, qu’elle arrive dans le contexte tendu du stationnement lausannois suscitant déjà de nombreuses plaintes de la part de citoyens qui peinent à trouver un emplacement pour leur voiture avant de rentrer chez eux.

Pierrette Roulet-Grin, la présidente du TCS vaudois, y voit même une discrimination des ménages les moins aisés: «Après 19h, il ne s’agit plus d’une utilisation des places pour aller faire les courses mais bien pour rentrer se reposer. Celui qui a les moyens de louer un logement avec des places privées ne sera donc pas du tout concerné.»

La présidente TCS vaudois rappelle aussi que, dans le canton, le nombre de véhicule continue d’augmenter et que les places de parc constructibles autorisées ont tendance à être diminuées.

«Ce n’est pas en opposant la voiture aux transports publics, qu’on arrivera à changer le comportement des utilisateurs. D’ailleurs, j’espère que vous avez lu récemment dans la presse que même le syndic Daniel Brélaz va travailler en voiture», ajoute goguenarde Pierrette Roulet-Grin.

Décision prise

Toutes ces réactions arrivent toutefois trop tard. Depuis le week-end passé, les panneaux indicateurs ont été corrigés, les horodateurs reprogrammés et la police a modifié ses horaires de ronde.

Aucune période de tolérance n’a réellement été évoquée et tout porte donc à croire que, les premiers mois, de nombreux papillons roses vont être déposés sur les pare-brises. Par conséquent, il ne fait aucun doute sur le fait que les heures supplémentaires des policiers assistants de sécurité publique seront largement rentabilisées.

Au sein de la Municipalité, ni le Département des travaux, ni celui du logement et de la sécurité publique n’ont souhaité s’exprimer. Tous deux redirigent vers le syndic qui semble ainsi être le seul à pleinement assumer cette décision fortement impopulaire.

Daniel Brélaz: «Nous misons sur 400’000 francs de recettes supplémentaires!»

Lausanne Cités: Cette mesure semble avoir été annoncée au dernier moment. Est-ce le cas?

Daniel Brélaz: Pas du tout, la décision a été prise ce printemps et a été publiée cet été. Cela n’a suscité aucune réaction, peut-être aussi parce que personne ne lit correctement ces publications. Mais, il est tout naturel que cette décision entre en force aujourd’hui.

N’est-il pas exagéré d’étendre le paiement de ces places au-delà des heures d’ouverture des commerces?

Non, nous aurions très bien pu décider de tout faire payer jusqu’à 22h, comme c’est le cas à certains endroits au bord du lac ou proche de la gare. Vingt heures nous a donc semblé mesuré et justifié.

Vous rendez-vous compte que vous défavorisez des habitants qui avaient déjà de la peine à se parquer?

Je vous mets au défi de trouver des habitants qui utilisent ces places sans macarons. Cela ne changera presque rien pour eux. Au contraire, le fait que les places soient payantes permettra aux habitants qui rentrent plus tard de trouver plus facilement une place libre.

Qu’en est-il des zones macarons? Risquent-elles d’être diminuées?

Non, elles subiront sans doute des modifications, mais notre volonté n’est pas d’en diminuer le nombre.

L’argent généré par cette augmentation sera-t-il affecté à la mobilité?

Nous misons sur 400’000 francs de recettes supplémentaires. Les communes ne bénéficiant ni de la taxe essence, ni de la vignette, ni de la taxe automobile, la mobilité y est largement déficitaire. Par conséquent, on peut estimer que, d’une certaine manière, la recette y sera affectée.