«Notre expérience sera mise au service de Beaulieu»

- En association avec la Fondation de Beaulieu, Opus One reprend la gestion du Théâtre de Beaulieu.
- Jusqu’ici géré par la société MCH, le théâtre est largement déficitaire.
- Vincent Sager, directeur d’Opus One, esquisse son projet pour rentabiliser une des plus belles salles de Suisse.

  •  Vincent Saget, directeur d'Opus One. DR

    Vincent Saget, directeur d'Opus One. DR

«Une trentaine de représentations par an»

Lausanne Cités: Pourquoi avoir repris en cogestion l’exploitation du Théâtre de Beaulieu?

Vincent Sager: Beaulieu est pour nous une solution idéale pour être plus présents à Lausanne, au cœur de la Suisse romande, ce qui nous permettra d’élargir notre public à des spectateurs venant de Neuchâtel, du Valais, etc.

Que vous apporte exactement ce site de Beaulieu et que n’ont pas les autres salles lausannoises?

Avec 1 800 places, Beaulieu est clairement le plus grand théâtre de Suisse. Ni Zurich ni Genève ne disposent d’un tel lieu! En outre, la taille du plateau, l’ouverture de la scène permettent d’accueillir des spectacles de grande envergure!

Que peut apporter Opus One à une ville comme Lausanne?

Nous sommes actifs dans le monde du spectacle depuis plus de 20 ans et en prise directe avec la création en Suisse ou à l’étranger. Grâce à ce réseau de spectacles, de partenaires et d’artistes, nous pouvons connecter efficacement Lausanne à de nombreuses tournées.

En termes d’offre culturelle, quel est exactement votre projet pour Beaulieu?

Au-delà de l’image de la salle sur laquelle nous devrons travailler, il faut que la programmation interpelle, donne envie, fasse rêver. En plus des événements qu’accueille déjà Beaulieu (le Ballet Béjart, la Paternelle, etc.) nous souhaitons privilégier des spectacles destinés à un large public, qu’il s’agisse de musique ou de propositions plus visuelles. L’offre culturelle lausannoise est globalement très riche, mais pas dans les créneaux que nous comptons développer à Beaulieu.

Le théâtre perd actuellement 800’000 francs par an. Comment pensez-vous réussir là où MCH, le précédent exploitant, a échoué?

L’objectif est d’atteindre l’équilibre en augmentant le nombre de spectacles programmés. Il y a un clair potentiel de développement par rapport à ce qui a été fait jusqu’à maintenant. Nous comptons organiser une trentaine de représentations par an, en plus des spectacles et rendez-vous déjà accueillis à Beaulieu.

Votre concurrent, Live Music Production, a repris la salle Métropole, autre grande salle de Lausanne. Allez-vous privilégier une démarche de concurrence ou plutôt de complémentarité?

Le but n’est pas d’engager une concurrence frontale avec qui que ce soit, salle Métropole ou théâtres installés dans la proche région. Mais si l’on en croit son exploitant, la Salle Métropole compte plutôt privilégier les concerts pop-rock avec des spectateurs debout. Ce ne sera pas le cas à Beaulieu. Ces deux salles devraient donc proposer une offre complémentaire.

Michael Drieberg, le patron de Live Music Production, soupçonne la Municipalité et le syndic de favoritisme en votre faveur, et via la Fondation de Beaulieu, de vous faire bénéficier de subventions publiques qui permettraient de compenser la fameuse taxe sur le divertissement de 14%...

C’est totalement fantaisiste. Plus sérieusement, le site du théâtre de Beaulieu va faire l’objet d’importants investissements voulus par la fondation propriétaire des lieux. Ces travaux permettront à terme de réduire certains des frais liés à l’accueil des spectacles, mais ils seront notamment financés par la taxe que nous allons payer sur les nouveaux spectacles que nous comptons organiser. On est de fait assez loin d’un subventionnement de nos activités.

La saga Beaulieu

Printemps 2010. Le mastodonte bâlois MCH lance une offre d’achat sur les actions de Beaulieu Exploitation SA dans le but d’en acquérir les deux tiers. Une «manœuvre amicale» explique alors Me Jean-Philippe Rochat, le président de son Conseil d’administration qui ajoutait: «Nous sommes à un moment-clé de l’avenir du Palais de Beaulieu.» Le rachat des actions va de pair avec un projet de développement du site et de modernisation des infrastructures. Le canton et la Ville de Lausanne sont partenaires de cette opération à hauteur de 55 millions de francs. Automne 2011. Béat Kunz, ancien directeur de l’Espace Gruyère et du Forum Fribourg, est nommé directeur d’Exploitation Beaulieu SA. Dans nos colonnes, il déclare alors: «Je veux faire de Beaulieu la référence en Suisse romande dans le domaine des foires et des salons.» Eté et automne 2013. La crise couve. Les affaires vont mal. Départs en série au sein d’Exploitation Beaulieu SA, dont celui de Béat Kunz, puis du directeur du Comptoir, suisse Christophe Leyvraz. Avril 2014. Les citoyens lausannois refusent par 51,9% des voix le projet proposant la construction de la tour Taoua qui aurait dû venir s’implanter dans le quartier de Beaulieu, et sur laquelle MCH comptait beaucoup pour rendre le site attractif.13 février dernier: Le groupe bâlois MCH redéfinit sa stratégie pour le site de Beaulieu. Il lâche le Centre de Congrès et le théâtre pour se concentrer sur l’organisation des foires et salons. C’est Opus One, dirigé par Vincent Sager, qui reprend la partie théâtre.