«Non, je ne regrette rien!»

- Sécurité, mendicité, Métamorphose, crise au sein du POP, le Municipal lausannois revient sur les grands dossiers qui marquent son action politique.
- Quatre mois après avoir quitté ses fonctions à la tête de la police, il jette un regard distancé sur les circonstances de sa démission.
- Heureux de renouer avec ses sujets de prédilection, Marc Vuilleumier botte en touche sur une éventuelle candidature en 2016.

  • Un Municipal heureux de renouer avec certains dossiers. VERISSIMO

    Un Municipal heureux de renouer avec certains dossiers. VERISSIMO

Il y a quelques mois vous vous démettiez de vos fonctions à la tête de la police municipale. Regrettez-vous votre démission ?
Non pas du tout, mais je regrette d'avoir eu à le faire. Quand j'ai été élu en 2006, j'ai vite compris que j'allais hériter de la police. Réélu en 2011, j'ai décidé de conserver cette direction pour pérenniser l'action entreprise. D'autant que je me suis très attaché au corps de la police et aux policiers.

Quelle est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase ?
Incontestablement, la déclaration du syndic a joué un rôle (Daniel Brélaz avait annoncé que Lausanne pouvait être débarrassée de ses dealers à l'horizon 2014, NDLR), mais elle n'explique pas tout. D'autres éléments ont joué un rôle: le changement de discours sécuritaire au sein de la majorité rouge-rose-verte et le manque d'intérêt de la plupart de mes collègues pour cette question. Tout cela a créé une grande pression sur moi. Mais en six ans, je crois avoir correctement assumé cette fonction, y compris avec le concept de police de proximité que j'ai soutenu et défendu…Aujourd'hui, les choses bougent, la police est visible, la mendicité fait l'objet d'un âpre débat… Comment vous positionnez-vous par rapport à ces questions ?Interdire la mendicité ne s'inscrit pas dans mes valeurs. D'autant que le contre-projet qui a abouti au retrait de l'initiative va trop loin, car il aboutit à stigmatiser une communauté. Dans le même temps, je ne suis pas sourd aux doléances des habitants de cette ville. En matière de deal par exemple, je n'ai jamais eu d'états d'âme et je n'ai jamais cautionné le moindre laxisme.

Voilà un difficile jeu d'équilibrisme...
Quand on siège dans un exécutif, il y a trois manières de réagir. Soit on se campe sur son projet initial, et là, on ne fait rien passer, soit on se noie complètement dans le vent qui souffle, soit enfin on choisit une voie médiane pour essayer d'avancer. C'est ce que je fais. Mais il est vrai que je n'aime pas travailler dans le conflit: garder ses convictions et faire avancer des dossiers est parfois une forme d'équilibrisme.

Comment vous positionnez vous avec l'arrivée de deux nouveaux membres au sein de la Municipalité ?
Deux nouvelles personnes dans un groupe de sept, cela change la donne. Les deux arrivants sont de très bons politiciens, et il faut beaucoup plus débattre que par le passé…

Votre parti le POP est en crise… Comment le vivez-vous en tant que municipal et ancien militant ?
Le POP est un petit parti qui a toujours connu des hauts et des bas. Aujourd'hui nos idées devraient être plus présentes au sein de la population, car nous sommes dans une société où le fossé se creuse entre riches et pauvres, où les contrastes culturels sont plus marqués. Peut-être que le POP a perdu son dernier P, faisant passer par exemple son enracinement associatif derrière un discours plus réaliste et plus idéologique… On s'intéresse trop à de petits projets et pas assez aux grands enjeux comme le logement, la fiscalité etc… Enfin, nous comptons de nombreux jeunes dans nos rangs, mais il nous faudrait des profils plus charismatiques!

On ne connait toujours pas les contours définitifs du projet Métamorphose. La Municipalité a-t-elle fait des erreurs sur ce dossier?
Sûrement, sinon la première pierre aurait été posée depuis longtemps! Mais il faut aller de l'avant, car je suis convaincu que le sport, comme la culture et la formation, est un des atouts majeurs de la ville de Lausanne. Et en termes d'infrastructures sportives, nous sommes en retard et il va nous falloir consentir des montants certes raisonnables, mais importants pour le rattraper. Quitte d'ailleurs à les étaler sur plusieurs années… Une chose est sûre: L'ensemble du projet est en phase d'optimisation et devrait être défini d'ici le trimestre prochain, avec des financements et des échéances clairs. Le rêve doit devenir réalité!

Devant les frais occasionnés par la mise à niveau de la Pontaise, pourtant voué à la démolition, certains grincent des dents et suggèrent de préserver définitivement ce stade.
Je suis convaincu qu'en termes sportifs, la Pontaise n'a pas d'avenir. Même en y mettant beaucoup d'argent, nous n'en ferons pas un stade qui réponde aux normes et aux besoins d'un club moderne.

Y voit-on désormais plus clair dans les projets des stades de la Tuilière et de Coubertin?
A la Tuilière, je soutiens un stade à l'anglaise, un stade de dimensions modestes, 12'000 places environ, et qui coûterait une soixantaine de millions de francs. Le stade de Coubertin pourrait quant à lui devenir le stade d'athlétisme de la ville. Le projet est en train de prendre forme pour un coût de 30 à 35 millions! La Municipalité décidera ces prochaines semaines.

Comprenez-vous que la Municipalité souffre désormais d'un manque de crédibilité sur Métamorphose?
Bien sûr, je le ressens et je comprends que certains se disent désormais: «on nous a dit beaucoup de choses, il faut du concret !» Le plus difficile, ce sont les relations avec les clubs et les mouvements sportifs qui doivent continuer à y croire, ceci d'autant qu'on leur a tenu un discours très prometteur. Nous n'avons plus droit à l'erreur sur ce projet et il faut trouver des solutions pérennes et raisonnables. D'ici 2019, le projet devrait être concrétisé.

Sur quels autres projets vous investissez-vous aujourd'hui?
La vie nocturne, car je conserve la responsabilité de la police du commerce. Et puis je consacre beaucoup d'efforts à la politique d'intégration qui me tient à cœur. Sous forme de boutade, je dis toujours qu'avant, je m'occupais des 2% de la population qui n'allaient pas bien et qu'aujourd'hui je me consacre à 41% des Lausannois! Les contrats de quartier, la vie quotidienne des gens, les assurances sociales, le suivi des subventions, tout cela me ramène à mes engagements passés. Je me sens à l'aise dans ces dossiers sociaux.Vous avez été brillamment réélu en 2011. Vivez-vous votre dernière législature ?Ce sera le seul joker de cette interview!