Marthaler défie Apple et Microsoft

Fondée par l'ancien Conseiller d'Etat, la start-up why! open computing est en passe de révolutionner l'informatique suisse voire même mondiale.97% du marché des systèmes d'exploitations est détenu par Microsoft et Apple. Mais, ce chiffre diminue de jour en jour.Le monde des logiciels libres et de la self-réparation ouvre une toute nouvelle vision du rôle du consommateur.

  • La start up de l'ancien conseiller d'Etat risque de bouleverser le marché de l'informatique. © Valdemar VERISSIMO

    La start up de l'ancien conseiller d'Etat risque de bouleverser le marché de l'informatique. © Valdemar VERISSIMO

Loin du carcan politique habituel, l'ancien conseiller d'Etat écologiste François Marthaler a toujours eu un tempérament d'entrepreneur doublé d'une vision forte et réaliste du développement durable. En 1980, alors qu'il vient à peine de fêter ses 20 ans, il créé La Bonne Combine à Prilly, une petite entreprise spécialisée dans la réparation d'objets divers qui deviendra vite un haut-lieu vaudois de la lutte contre le gaspillage et l'obsolescence programmée.En juin 2012, lorsqu'il fait son discours d'adieu devant ses anciens collègues du Conseil d'Etat, il dresse une liste de dix projets qu'il souhaite mener à bien. Moins d'une année après, il investit toutes ses économies dans l'un d'eux: why! open computing, une société commercialisant des ordinateurs fonctionnant sur le système d'exploitation libre Linux et pouvant être facilement réparés pièce par pièce.

Grand public visé

«J'avais constaté à quel point il était compliqué d'installer un système d'exploitation Linux sur un ordinateur vendu avec Windows. A l'instar d'autres sociétés dans le monde, je désirais proposer des pc portables et des postes de bureau prêts à fonctionner sur Linux pour le grand public», raconte le jeune directeur de why! dans ses petits bureaux de Prilly.Pour ce faire, étant donné qu'il est le premier à se lancer sur ce créneau en Suisse, il a notamment fédéré un grand nombre d'experts répartis sur toute la Suisse afin que chaque nouvel utilisateur puisse trouver de l'aide juste à côté de chez lui.En s'affranchissant des licences Apple ou Microsoft et en faisant appel aux logiciels libres, l'ensemble des coûts des ordinateurs baissent de manière relativement conséquente. «Le consommateur peut choisir librement les programmes qui lui conviennent sans être pris en otage par des formats incompatibles», ajoute l'ancien conseiller d'Etat.

Economies substantielles

A titre d'exemple, en adoptant le système d'exploitation libre Linux pour la majorité des ordinateurs de leurs fonctionnaires, la ville de Munich estime avoir économisé plus de 11 millions d'euros. En outre, et c'est en ça que la start-up romande innove tout particulièrement et risque bien de faire parler d'elle dans le monde entier, why! propose à l'utilisateur de réparer lui-même chaque défaillance de sa machine afin qu'elle dure le plus longtemps possible.Pour ce faire, des modes d'emplois virtuels ont été créés et toutes les pièces seront vendues séparément à prix coûtant. Une véritable inversion de la vapeur alors que toutes les multinationales actives dans l'électronique veillent à rendre leurs appareils quasiment irréparables afin d'amplifier les ventes de leurs nouveaux modèles.«Et, je vais vous dire, si cela fonctionne on pourrait imaginer étendre ce modèle aux appareils ménagers, par exemple», projette déjà François Marthaler.

« Le consommateur doit choisir librement les programmes qui lui conviennent, sans être pris en otage», François Marthaler, ex conseiller d'Etat et fondateur de la société why!

Lausanne intéressée

Denys Papeil, le chef du service informatique de la ville de Lausanne, sera parmi les premiers à commander des ordinateurs why!.

La commune devrait-elle changer ses milliers d'ordinateurs pour se mettre à l'open source?
La ville de Lausanne mène, depuis quelques temps déjà, une politique d'open source et de logiciels gratuits. Notre volonté est de préserver un maximum d'indépendance face à Microsoft et aux autres grands éditeurs de logiciels.

Et pourquoi donc?
L'open source nous permet de disposer des codes et donc de ne pas être liés à des contrats onéreux avec des multinationales qui ont très clairement une position dominante et pour qui nous ne représentons qu'un petit client parmi d'autres.

Cela permettrait des économies?
Sur le long terme, très certainement. Dans un premier temps, il y aurait par contre une phase d'investissement conséquente qui nécessitera une forte volonté politique que je sens présente. Par contre, cet argent sera massivement investi dans des partenaires locaux.

Quelles sont les prochaines étapes?
Nous allons tester quelques ordinateurs portables en open source et, dans un avenir proche, nous espérons migrer l'ensemble de notre messagerie vers un logiciel libre. Il faut également que nous résolvions les problèmes de compatibilité avec les plus de 40 millions de document Microsoft Office que possède la ville. Cela passe notamment par la formation de nos utilisateurs à utiliser des formats ouverts.