Les CFF dans le collimateur des pendulaires

- Les Parkings + Relais (P+R) des CFF sont pris d'assaut par les pendulaires qui, souvent, n'y trouvent plus de place.
- Des abonnés sont contraints de laisser leur voiture hors des zones autorisées et n'hésitent pas à parler d'arnaque.
- Les CFF bottent en touche et renvoient la «patate chaude» aux communes, responsables du parcage au-delà des gares.

  • Le matin, dès 7h30, difficile de trouver des places de parc dans les P+R entre Lausanne et Coppet . © Valdemar VERISSIMO

    Le matin, dès 7h30, difficile de trouver des places de parc dans les P+R entre Lausanne et Coppet . © Valdemar VERISSIMO

«Vous habitez un lieu sans gare, ou dont la desserte par les transports publics n'est pas idéale? Vous voyagez très tôt ou très tard dans la journée et souhaitez arriver à l'heure à vos rendez-vous sans perdre trop de temps à rechercher une place de stationnement? Alors, P+Rail est la solution qui vous convient.» La lecture de cette publicité vantant les parcs P+Rail fait doucement rigoler Pierre (*): «C'est bien vendu, mais ce qu'il faut voir, c'est la réalité qui se cache derrière cette offre!» tonne ce solide quinquagénaire qui habite un petit village proche de Morges. C'est de l'arnaque pure et simple, et je mesure mes mots!»

Automobilistes piégés

Il y a peu, Pierre a souscrit un abonnement au P+Rail d'Allaman, histoire de pouvoir y laisser quotidiennement sa voiture avant de monter dans le train qui le conduit à Genève, lieu de son travail. Une mauvaise, très mauvaise affaire. «La plupart du temps il n'y a plus aucune place de libre. Seule chance d'en obtenir une, arriver avant 7h00!» Conséquence: il se voit contraint d'aller garer sa voiture dans... un parking payant! Et il n'est pas le seul dans ce cas: chaque matin, ce sont des dizaines d'automobilistes qui se retrouvent ainsi piégés. Et gare à ceux qui essaieraient tout de même de laisser leur voiture sur place, même si elles ne gênent pas la circulation! Car, comme à Coppet, des pandores privés mandatés par les CFF veillent et... verbalisent. Chaque jour, ces agents dressent des procès verbaux avec pour mission de ne pas se montrer spécialement indulgents. «Une honte!» nous ont confié plusieurs automobilistes qui jugent l'attitude des CFF scandaleuse.

Une situation alarmante

Allaman et Coppet ne sont pas les seules cités concernées par ce phénomène. Nyon, Rolle, Gland ou encore Morges sont aussi concernées, à des degrés divers. Une situation qui ne laisse pas insensibles lees élus locaux.«Ce qui arrive n'est pas très étonnant, note ainsi Elisaberh Ruey-Ray, munucipale nyonnaise en charge de la mobilité. Plus de 30'000 travailleurs quittent le district chaque jour, près de 20'000 y arrivent et la population croît de 2000 personnes chaque année, on frôle l'overdose!» Même constat de Vincent Jaques, le syndic de Morges: «Dans la région morgienne, la poussée démographique est également très forte. Le P+R de Morges est grand, mais il est lui aussi souvent saturé, note-t-il. La situation ne va pas aller en s'améliorant avec les travaux qui s'annoncent dans le périmètre de la gare et qui nous obligeront, dès 2015, à fermer le P+R durant une longue période».

Un captage en amont

La solution serait-elle donc inextricable? Difficile à trouver dans tous les cas, dans la mesure où les CFF annoncent clairement que ce sont les communes qui sont responsables du parcage au-delà des gares (lire encadré ci-dessous). Ce qui a le don d'irriter Elisabeth Ruey-Ray: «En quelques années, le nombre de gares est passé de 13 à 9 dans le district de Nyon. Cela a incontestablement contribué à augmenter les problèmes de pendularité. Les CFF sont donc aussi responsables de cette situation.» Seule possibilité, à ses yeux, de résoudre le problème: que toutes communes concernées travaillent de concert et imaginent des solutions globales. Parmi celles-ci, tenter de capter les pendulaires en amont en créant de nouveaux P+R au plus près de leur lieu domicile.«En créant des interfaces performantes, ils finiront pas laisser leur voiture au garage et prendront les transports publics, renchérit Vincent Jaques. Mais c'est un travail de longue haleine et il convient de svaoir qui va payer pour cela.» D'ici là, la situation va donc perdurer et risque bien de pousser nombre de pendulaires à abandonner, effet pervers, le train au profit de la voiture... jusqu'à leur lieu de travail.

«Les solutions passent par une densification des transports publics.»

Patricia Claivaz, porte-parole des CFFLausanne Cités: Entre Lausanne et Genève, la plupart des P+R sont saturés. Comment expliquez-vous ce dysfonctionnement ?
Patricia Claivaz: Il ne s'agit pas d'un dysfonctionnement ferroviaire, mais d'une réalité démographique: sur la route ou en train, les besoins en mobilité explosent sur l'Arc lémanique. Entre Lausanne et Genève, 50'000 personnes prennent le train tous les jours alors que nous disposons de 1000 places de parc réparties dans 9 gares. Là où cela était possible, à Coppet notamment, nous avons augmenté le nombre de places de parc. A l'avenir, nous ne pourrons plus augmenter le nombre de places de parc, car nous n'avons plus de terrains pour cela. Au-delà des gares, la politique de parcage est du ressort des communes.

Estimez-vous normal que des personnes qui ont dûment payé leur abonnement ne trouvent pas de places et se voient obligées de garer leur véhicule dans un parking… payant ?
Dans les parkings CFF, environ 80% des places sont réservées à nos abonnés mensuels et annuels. Le but de ce contingent est de privilégier les clients réguliers des transports publics. Le 20% restant est mis à disposition des clients qui se parquent à l'heure ou à la journée. En cas d'afflux de clients journaliers, il peut arriver que nos abonnés ne trouvent pas de place. Nous travaillons actuellement sur des solutions.

Certains usagers, qui ont tout de même laissé leur voitures sur le P+R, où elles ne gênaient pas, ont été verbalisés. Pourquoi?
Les contrôles sur les parkings sont effectués par notre service de conciergerie. Nous attendons bien sûr de ce service qu'il contrôle les véhicules parqués sur nos P+Rail et veille à ce qu'il n'y ait pas de surcharge de véhicules. Ce pour garantir la sécurité et l'accessibilité des parkings.

Que comptez-vous faire pour améliorer l'offre en matière de P+R ?
Lorsque cela était possible, nous avons augmenté les capacités de nos parkings, allant même jusqu'à démolir des halles marchandises, comme à La Plaine ou à Romont, pour créer de nouvelles places de parc. A l'avenir, les solutions passent par une densification des transports publics.