Le TGV est-il menacé?

- Élus français et vaudois appellent à la vigilance pour pérenniser la ligne de TGV qui relie Lausanne à Paris.
- Rentable et bien fréquentée, celle-ci n'est pourtant pas remise en question à court terme.
- Motif d'inquiétude: ni les CFF ni la SNCF ne peuvent garantir son maintien dans les 10 ans qui viennent.

  • La ligne Berne-Paris semble d'ores et déjà condamnée.Quid de la Lausanne-Paris?

    La ligne Berne-Paris semble d'ores et déjà condamnée.Quid de la Lausanne-Paris?

En ce qui la concerne, les carottes sont d'ores et déjà cuites. La ligne de TGV qui relie Berne à Paris est à court terme, condamnée. Trop peu fréquentée, pas assez rentable. Mais les menaces ne s'arrêtent pas à la capitale fédérale. Depuis quelques semaines, émergent de nombreuses inquiétudes quant à la pérennité de la ligne à grande vitesse Lausanne-Paris qui, chaque année, transporte un grand nombre de Lausannois et de Vaudois vers la Ville lumière. En pointe de la mobilisation, Marie-Guite Dufay, la présidente du Conseil régional de Franche-Comté, en France voisine, dont le territoire aurait, tout comme Lausanne, beaucoup à perdre en cas de suppression de la desserte. «La lecture des comptes-rendus des conseils d'administration des CFF ou de la SNCF montre qu'il y a beaucoup de questionnements sur la ligne Lausanne-Paris, dénonce-t-elle. La perte du Berne-Paris pose déjà un problème en termes d'aménagement du territoire et de désertification, auquel il faudra bien trouver une offre de substitution. Pour le maintien de Lausanne en revanche, il est indispensable de bien veiller à ne pas relâcher la pression!»

Rester vigilant

En contact avec Mme Dufay sur cette question, Pascal Broulis, chargé des relations extérieures au niveau du Conseil d'État ne dit pas autre chose. «Je suis sur la même longueur d'ondes que la présidente de Franche-Comté, il nous faut rester vigilants, car il est indispensable de maintenir plusieurs accès à notre canton».Alain Barbey, le directeur général de la société Lyria qui gère les TGV à destination de la Suisse, tient à se montrer rassurant. «Sur une échéance de 10 ans, il est toujours difficile de se prononcer en matière ferroviaire, car les situations peuvent évoluer très vite. En revanche, à court terme, c'est-à-dire sur un horizon de trois ou quatre ans, il n'y a vraiment aucun problème pour le Lausanne-Paris», tient-il à préciser.Et pour cause: pour l'heure, le TGV Lausanne-Paris marche bien, très bien même, avec un taux de remplissage de près de 75% et une fréquentation d'un million de voyageurs annuels, dont plus de 650'000 depuis la gare de Lausanne. «Nous sommes dans nos objectifs et satisfaits car cette ligne est tout à fait rentable», ajoute encore Alain Barbey.

Convention territoriale

Comment avec de tels résultats, expliquer la «vigilance» et la mobilisation engagées par de nombreux élus, tant du côté suisse que du côté français? «A ma connaissance, croit savoir Jean-Philippe Schmidt, porte parole des CFF, actionnaires de Lyria, la pérennité de cette liaison a vraiment été discutée il y a quelques années. Mais aujourd'hui les choses sont très claires: il n'est pour l'heure pas question de la remettre en cause.»«C'est mon travail de relayer les inquiétudes à Paris, réagit Marie-Guite Dufay. Au gouvernement, on m'a indiqué qu'il n'y aurait pas de suppression sans concertation avec les autorités locales. Franchement ça ne me rassure pas!»Et d'ajouter: «S'il n'y a pas de problème comme on nous l'indique, pourquoi la SNCF refuse-t-elle d'établir, ainsi que je le demande depuis longtemps, une convention territoriale avec la Franche-Comté? Cela pérenniserait cette desserte si importante pour nous! D'ailleurs ce que je demande à la SNCF, les Suisses peuvent le faire avec les CFF!»«En Suisse, nous n'avons pas ce système de convention, réagit Pascal Broulis. Mais on peut maintenir la pression en rappelant aux CFF qu'ils sont financés par les cantons et la Confédération!»

L'alternative genevoise peu crédible

CA • Longtemps, on a évoqué le passage par Genève comme solution de remplacement si le TGV Lausanne-Paris venait à disparaître. Sauf que ce n'est pas si simple. Si le porte-parole des CFF «refuse de spéculer sur des scénarios d'avenir», Alain Barbey, le directeur général de Lyria, la société qui gère les TGV en Suisse, se montre plus disert. Et d'expliquer que «techniquement le passage de rames TGV sur les voies entre Genève et Lausanne est tout à fait possible». En réalité le bât blesserait à deux niveaux. En premier lieu au niveau des voies actuelles largement sollicitées et quasi-saturées, et en second lieu en termes d'accès à la gare Cornavin qui pourrait être problématique. «A Cornavin, précise encore Alain Barbey, les problèmes seraient essentiellement d'ordre technique pour permettre le passage des TGV dans la partie française de la gare».