Un promoteur fustige la municipalité

PROJET IMMOBILIER • Propriétaire d'un immeuble dans le quartier de St-Martin, Roland Morisod se plaint du calvaire qu'il dit vivre depuis qu'il a décidé d'offrir de meilleures conditions de vie à ses locataires. Dans sa ligne de mire: l'attitude de la municipalité.

  • Roland Morisod devant l'immeuble incriminé. KOTTELAT

    Roland Morisod devant l'immeuble incriminé. KOTTELAT

Quand, en octobre dernier, il a acheté son immeuble à deux pas de l'hôtel de police du Tunnel, Roland Morisod a vite compris qu'il devrait y opérer quelques rénovations essentielles. «Le digicode de la porte d'entrée était connu par tout Lausanne et la police intervenait en moyenne trois fois par jour pour y déloger des prostituées, arrêter des dealers ou désarmer de force des fous», explique le promoteur immobilier qui n'a pas la langue dans sa poche. Il investit donc immédiatement de l'argent dans la sécurisation des portes au moyen de serrures électroniques.

Situation précaire

«Rien que pendant les travaux, il y avait des gens qui entraient et dormaient dans les gravas», raconte-t-il. Mais, dès qu'il commence à retoucher et améliorer les conditions de vie de cet immeuble qui contient de nombreux logements sociaux, il a l'impression que la municipalité lui met des bâtons dans les roues. Les contrôles se succèdent et de nombreux problèmes administratifs apparaissent. «Je vous donne un exemple parmi plein d'autres. Je voulais changer la façade qui est totalement défraîchie. Il m'a fallu argumenter pendant quatre mois pour pouvoir enfin choisir une couleur différente du gris», affirme-t-il. Actuellement, la rénovation de plusieurs appartement est stoppée nette en attente de diverses autorisations et les conditions de sécurité sont loin d'être optimales. «J'ai l'impression de déranger en voulant en finir avec cet immeuble taudis», tempête le promoteur.Plus d'une centaine de personnes vivent dans ces petits studios meublés qui comptent moins d'une vingtaine de mètre carrés. Le loyer est déjà relativement élevé puisqu'il atteint environ 1'400 francs suisses par mois et, malgré les rénovations, aucune augmentation n'est prévue, promet la régie. «Je pense que la municipalité a peur que cette criminalité et que ces cas sociaux s'en aillent. Ils agissent comme s'ils voulaient les conserver ici. En plus, on dirait bien que les politiques se fichent que les habitants vivent dans de sales conditions et que tout puisse prendre feu.»

Rien d'anormal

Pour Olivier Français, municipal en charge des travaux, les délais de réaction de la ville ne sont pas disproportionnés dans ce cas. Si la situation est actuellement bloquée, c'est simplement, affirme-t-il, parce qu'il attend une demande en bonne et due forme de permis de construire. Et le magistrat de conclure sur une remarque cinglante: «J'ai demandé l'état en détail du dossier, pris du temps avec des fonctionnaires. Bref, du temps pour répondre à quelqu'un qui pense être unique sur cette terre à vouloir le bien d'autrui.» Il ne reste plus qu'à espérer qu'un terrain d'entente sera trouvé pour que les dizaines de locataires profitent rapidement d'un meilleur cadre de vie.