Un seul Peugeot en Suisse

ARZIER-LE MUIDS (VD) • Depuis l'annonce par Peugeot de la suppression de 8 000 emplois et de la fermeture d'une usine, Arnaud Montebourg, le bouillant ministre français du Redressement productif, s'en est pris violemment à la famille Peugeot, principal actionnaire du groupe avec 25,4% du capital. Dénonçant «le comportement de l'actionnaire», le dirigeant socialiste ajoute: «Je veux savoir ce qu'ils veulent faire». En fait, depuis des années, les presses suisse et française affirment que la famille Peugeot coulerait des jours tranquilles en Suisse, à l'abri du fisc français. Sous entendu: au bord du lac, elle ne se préoccuperait guère de l'avenir des automobiles Peugeot et Citroën.Thierry Peugeot, président du conseil de surveillance du groupe, a aussitôt répondu au ministre que «tous les membres de la famille Peugeot siégeant au conseil de surveillance et au conseil d'administration habitent et payent leurs impôts en France». En fait, il n'y a pas des Peugeot mais un seul Peugeot établi en Suisse, à Arzier-Le Muids, dans le district de Nyon. Une petite commune de 2 300 habitants. Il s'agit d'Eric Peugeot, un homme particulièrement discret, qui ne joue pas un rôle stratégique chez le constructeur automobile.

Enlevé à 4 ans

En 1960, alors qu'il n'avait que quatre ans et demi, Eric Peugeot avait été enlevé. Les parents acceptaient de payer une rançon de 50 millions de francs français. L'enfant était retrouvé 48 heures plus tard. Et ses ravisseurs 11 mois plus tard. Depuis, le résident suisse a été président des filiales Peugeot en Belgique, en Hollande et au Portugal. Eric Peugeot s'est aussi intéressé, un temps, à la production d'électricité d'origine éolienne, en prenant la présidence de la société Théolia, avant de s'en retirer en 2010.