Parcs lausannois: l'insécurité règne!

Trois voitures et un scooter ont été brûlés il y a peu aux abords du parc de Milan.Une fois la nuit tombée, l'insécurité règne dans de nombreux parcs lausannois.Les déchets jonchent les espaces verts et les services de la Voirie sont exaspérés.

  • Le parc Bourget, après un pique-nique.

Parc de Milan, un samedi de juin à 2 heures du matin. L'ambiance est totalement différente de la journée. Les familles avec enfants et poussettes ont laissé la place à des groupes de jeunes. La bière et autres alcools forts coulent à flot. On entend parfois des cris, perdus dans la nuit lausannoise. Souvent, ce ne sont que les conséquences d'un taux d'alcoolémie trop élevé et d'une euphorie soudaine. Cette fois pourtant, c'est une altercation qui a débuté à quelques encablures de la fontaine située au nord du parc. Après quelques minutes, la situation se calme d'elle-même, un groupe de jeunes repart en direction de la gare.Au passage, quelques vélos et scooters sont malmenés. Quelques coups de pieds et des jets de bouteille ponctuent cette fin de nuit un peu agitée. Ce soir, il n'y aura pas de voiture incendiée comme ce fut le cas une semaine plus tôt aux avenues de Beauregard et de la Harpe. Pourtant, le bruit occasionné par l'altercation a provoqué le réveil de certains voisins du parc. Nous en profitons pour discuter avec l'une d'entre elles, Marguerite*, une habitante du quartier depuis plus de 30 ans.

Lettre à la Municipalité

«Pour être franche avec vous, j'ai de plus en plus souvent peur. Surtout pour les autres, car moi je ne sors que rarement de mon appartement le soir. Juste pour sortir mon chien. Mais j'ai vu la situation empirer depuis une dizaine d'années environ.» Depuis sa fenêtre, la jeune retraitée est aux premières loges pour observer le trajet des fêtards: «Ils se posent au sommet de la colline de Montriond. Une fois saouls, ils repartent en direction du centre-ville. Du coup, cela fait un vacarme pas possible et je suis souvent réveillée en pleine nuit. Cela devient pénible, mais je ne vais pas leur laisser avoir le dernier mot. J'ai écrit une lettre à la Municipalité, on verra s'ils me répondent. Dans tous les cas, je peux vous dire que je ne vois pas souvent de policiers dans le quartier. J'ai l'impression qu'ils sont surtout dans les autres parcs situés plus au nord de la ville.»Un problème à l'approche de l'été d'autant que l'insécurité est un mal profond pour le tourisme. A Genève, on estime qu'environ 15'000 touristes ne viendront pas pour cette raison. Un chiffre difficile à évaluer dans la capitale vaudoise, mais les conséquences négatives existent. Au sein de la Municipalité, Marc Vuilleumier, en charge des sports et de la sécurité publique, ne semble pas préoccupé par la situation: «Il n'y a pas plus de délits dans les parcs qu'ailleurs en ville. Le constat à Lausanne est le même que dans d'autres cités suisses. C'est le phénomène du «littering» qui consiste à abandonner ses déchets n'importe où. Rien n'est prévu de particulier cet été dans les parcs lausannois.»

Déchets abandonnés

Outre le problème évident de l'insécurité grandissante, l'amoncellement des déchets est aussi une source d'inquiétude. Pour la seule ville de Lausanne, 105 m3 de déchets sont ramassés chaque jour par les services de la voirie. Et la plupart des parcs de détente (Milan, Valency, Louis-Bourget, Denantou) sont touchés par une recrudescence de déchets laissés à même le sol par des groupes peu scrupuleux en matière de propreté.Philippe Lenoir, responsable de la propreté publique de la ville de Lausanne, avoue constater une hausse évidente des déprédations: «Depuis cinq ans environ, les choses empirent nettement. Chez une minorité de la population, il y a une volonté d'incivilité. On appelle cela de la négligence urbaine. Il n'y a plus vraiment de respect. Du coup, pour lutter contre cela, une brigade de la propreté composée de quatre agents patrouille depuis le 1er janvier de cette année en ville et notamment dans les parcs. On aimerait parfois pouvoir sévir davantage et mettre des amendes à ceux qui enfreignent la loi, mais nous n'avons pas ce pouvoir...».* nom connu de la rédaction

«Les choses empirent nettement. Chez une minorité de la population, il y a une volonté d'incivilité. On appelle cela de la négligence urbaine»

Philippe Lenoir, responsable de la propreté publique de la ville de Lausanne

Hausse importante des infractions

MV • Le nombre d'infractions dénoncées en 2011 dans le canton de Vaud a augmenté de 19% par rapport à 2010. Cette hausse tient essentiellement à la croissance du nombre d'infractions contre le patrimoine (+20%), avec des évolutions particulièrement importantes pour les brigandages (+34 %), les escroqueries (+47%), les vols à la tire (+66%) et à l'arraché (+103%). L'augmentation des infractions avec violence atteint 13 %, parmi lesquelles les actes de violence grave ont progressé de 58% (passant de 69 à 109 cas). Parmi les grandes villes suisses, Genève compte le taux d'infractions le plus élevé (217 pour mille), suivie de Lausanne avant Berne. Les cantons de Vaud et Genève sont plus fortement touchés que les autres par la criminalité d'étrangers non résidents: à l'échelle suisse, 22% des prévenus identifiés par la police appartiennent à cette catégorie, contre 41% pour Genève et 34% pour Vaud.