Le projet renaît enfin de ses cendres

Longtemps au «congélateur», le projet de requalification de la route de Berne redémarre sur de nouvelles bases.Dangereux en raison de l'intensité du trafic pendulaire, cet axe représente un indispensable accès à l'autoroute pour les habitants de la Broye.Le Département des infrastructures vient d'avancer plusieurs propositions susceptibles d'aboutir à un compromis rapide.

  • La route cantonale 601, un dossier qui traîne depuis 6 ans. GOOGLEEARTH

    La route cantonale 601, un dossier qui traîne depuis 6 ans. GOOGLEEARTH

CIRCULATION • Incroyable! Après six ans, d'atermoiements, d'allers et retours et de confrontations, le projet de requalification de la route cantonale RC601, dite route de Berne, sort enfin du «congélateur» dans lequel l'ancien conseiller d'Etat François Marthaler l'avait placé en 2008.Aujourd'hui, à la faveur de l'arrivée d'une nouvelle conseillère d'Etat et du changement de législature, le projet prend un nouvel élan, même si des signes annonciateurs étaient annoncés depuis de nombreux mois. Réunions d'information et de concertation s'enchaînent et un nouveau projet a été proposé aux communes concernées. Selon nos informations, il consisterait en la mise en place de deux voies descendantes contre une voie montante unique, et l'aménagement au moins sur certains tronçons, d'une piste cyclable, ainsi que d'un giratoire. Autre avancée majeure: la volonté affichée par le canton de s'engager dans le développement des transports publics depuis la Broye en direction de Lausanne, afin de désengorger la RC601.

Nouvel élan

«Ce projet résulte d'une pesée des intérêts de toutes les parties concernées, Lausanne, Epalinges et les communes de la Broye, réagit à chaud Christophe Chardonnens, préfet de la Broye (FR) et président de la COREB, la communauté régionale de la Broye, impliquée dans le processus. Le canton de Vaud est dans l'attente de nos préavis, le processus de concertation est bien engagé et j'ai bon espoir qu'il aboutisse».La route de Berne, c'est un des axes majeurs de circulation routière du canton qui, entre le Chalet-à-Gobet et Epalinges, voit défiler entre 10 et 15'000 véhicules chaque jour. Un trafic qui va croissant, avec son corollaire inévitable en termes d'accidents.

Pour remédier à la situation, le Département des infrastructures, avec à l'époque à sa tête François Marthaler, avait engagé dès 2006, un projet de «requalification» de la RC601. Une requalification avec à la clé d'importants aménagements destinés à modérer le trafic: réduction de la vitesse et du nombre de voies de circulation, mise en place de giratoires et enfin aménagement de pistes cyclables.

Levée de boucliers

Très rapidement, le projet a suscité une violente levée de boucliers de la part de nombreuses communes, et les députés de la Broye-Vully et du Jorat étaient très vite montés au créneau: pétitions, interpellations, postulats et déclarations au Grand Conseil ont bruyamment exprimé la réprobation des régions concernées.Pour une raison simple: le réaménagement tel qu'il était prévu, risquait bel et bien de prétériter l'accès par l'autoroute à un grand nombre de pendulaires et de précipiter ainsi une région entière dans un enclavement lourd de conséquences.«Franchement, si cela avait juste été une question de limitation de vitesse et de construction de ronds-points, ce projet aurait été bouclé depuis longtemps. Mais il y a clairement eu un manque de concertation et une certaine attitude doctrinaire du conseiller d'Etat François Marthaler qui n'avait pas voulu négocier avec les Broyards et les Joratois», déplore Frédéric Haenni, ancien député radical au Grand Conseil et fin connaisseur du dossier. Et de conclure: «Au final, il appartiendra à la nouvelle députation de se prononcer sur le projet».

La méthode Gorrite

CA • Pour de nombreux observateurs, l'arrivée depuis le 1er juillet de la nouvelle conseillère d'Etat en charge des infrastructures, Nuria Gorrite, était un des facteurs susceptible de donner une impulsion décisive au projet de requalification de la RC601. Et dès son élection, celle-ci en a fait une priorité, tout en faisant preuve d'une grande volonté de dépassionner le débat: «Je me suis replongée dans le dossier juste avant mon entrée en fonction, observe-t-elle. Je sais les crispations qu'il suscite car il s'agit d'un secteur où le trafic routier est très important. Je ne veux pas de marche forcée, mais je suis prête à retrousser mes manches pour que le projet avance en respectant chaque région concernée...»Et d'expliquer: «Le nouveau projet présenté prend en considération une bonne partie des préoccupations exprimées de part et d'autre, et a été élaboré en concertation avec les communes. Je laisse désormais toute la latitude aux parties concernées de se positionner vis-à-vis de notre proposition. Ce qui compte, c'est qu'une vraie dynamique est en route désormais!»