La droite demande des Etats généraux

Hier encore proclamée capitale de la nuit, Lausanne semble aujourd'hui dépassée par les débordementsPour faire face aux regains de violence, la droite veut instaurer des Etats généraux de la nuit.Une solution qui convainc le monde politique comme les gérants de clubs. Sous conditions!

  • Face à la recrudescence de violence, la police semble parfois débordée.

«Lausanne, on adore y venir pour faire la fête, aller de bar en bar et finir en boîte de nuit entre amis. Mais, avec toutes ces bagarres et ces débordements, on réfléchit avant de venir. Quand on n'opte pas pour une soirée à Vevey ou Fribourg, on sort en groupe et on évite de discuter avec d'autres car, l'alcool aidant, cela débouche souvent sur des malentendus, des provocations voire des injures», soulignent Cédric, 25 ans et Mallaury, 22 ans.A l'instar de ce jeune couple lausannois, les comptes rendus des échauffourées du week-end dont se font écho les médias dissuadent de nombreux noctambules à venir faire la fête à Lausanne. La dernière en date, impliquant près de 200 jeunes, a relancé la polémique sur les nuits de la capitale vaudoise. De son image de capitale de la nuit, Lausanne n'a gardé que ses aspects négatifs, ses dérives et ses bagarres.

Etats généraux de la nuit

«La situation est suffisamment grave et les problèmes assez récurrents pour éviter d'adopter de nouvelles mesures au coup par coup et sans vision globale», estime Mathieu Blanc. L'élu radical-libéral vient de déposer au Conseil communal une motion demandant l'organisation rapide d'Etats généraux de la nuit à Lausanne, comme l'a fait Genève en mars 2011: «Il apparaît aujourd'hui nécessaire de réunir l'ensemble des acteurs concernés par cette problématique afin d'examiner toute proposition ou mesure propre à diminuer les actes de violence mais aussi à valoriser une vie nocturne variée et respectueuse des habitants».

Eviter le clivage politique

Thierry Wegmüller, propriétaire du D! Club et membre du pool des clubs lausannois, trouve l'idée bonne mais redoute un clivage politique gauche-droite (lire ci-dessous). Car, si tous s'accordent à dire que Lausanne a mal à ses nuits, les solutions pour panser les plaies divergent. Il y a quelques mois, l'UDC déposait une motion pour un retour à la clause du besoin. Supprimée en 1995, cette mesure avait engendré une nette augmentation des boîtes de nuit, bars et autres discothèques, conférant ainsi à Lausanne son statut de capitale de la nuit.Le parti libéral-radical remet en cause, pour sa part, l'efficacité de l'heure blanche mise en place en octobre dernier par la gauche et prône plutôt une extension des horaires d'ouverture des établissements publics. «Cela permettrait d'éviter que tout le monde se retrouve dans la rue en même temps. L'attroupement de noctambules favorise souvent les bagarres et engendre des nuisances sonores dont les habitants se passeraient bien», souligne Mathieu Blanc.Du côté de la gauche, cette solution ne séduit pas. «A part augmenter les marges des clubs, je ne vois pas en quoi cette mesure serait efficace», relève Rebecca Ruiz. La présidente des socialistes lausannois préfère revenir sur un de leurs thèmes de prédilection: limiter la vente d'alcool, en soirée, dans les commerces. Une motion allant dans ce sens avait déjà été déposée devant le Conseil communal lausannois, mais la gauche n'a pas été suivie dans cette proposition. «Le lobby viticole est trop fort pour que ce type de mesures aboutisse», constate Rebecca Ruiz.

Impliquer tous les acteurs

Vraiment? Aujourd'hui, certains élus se déclarent ouverts à toutes propositions. «Je suis prêt à écouter ce type de demandes si des experts venaient à confirmer que c'est une solution adéquate. Ce dernier incident (ndlr: la bagarre du 13 mai dernier incluant près de 200 personnes) prouve que nous avons aujourd'hui franchi la limite, que toutes les solutions doivent être examinées, qu'elles viennent de gauche ou de droite», affirme Mathieu Blanc.Si la mise sur pied d'Etats généraux semble séduire, tous sont d'avis qu'il faudra réunir autorités politiques et sanitaires, patrons et gérants de clubs et bars, forces de police mais aussi commerçants et associations d'habitants concernés. Histoire de trouver des solutions pour concilier autant que possible les différents usages faits du domaine public lausannois, la nuit venue.

«La situation est suffisamment grave pour éviter d'adopter de nouvelles mesures sans vision globale.»

Mathieu Blanc, conseiller communal lausannois (PLR)