450'000 francs jetés à l'eau?

OUCHY

  • Facile de se glisser sur les pontons en dépit des protections posées.

«Cela fait plus de trente ans que mon bateau est amarré ici. C'est dire si je connais bien le coin. Mais jamais auparavant, je n'ai été confronté à une installation aussi stupide!» Roger (*) ne décolère pas. A l'origine de l'irritation de ce solide septuagénaire, la décision prise par la police du Commerce, en liaison avec le Département des Travaux de la Ville de Lausanne, de sécuriser les accès aux pontons où les bateaux des particuliers sont amarrés, à Ouchy comme à Vidy. «Qu'on se soucie de ne pas laisser n'importe qui pénétrer sur les pontons afin d'éviter les cambriolages est une bonne chose, ajoute-t-il, mais pas d'une manière aussi inefficace!»

Une étonnante facilité

L'objet, ou plutôt les objets, de la critique: des portes métalliques installées à l'entrée de chaque ponton et qui bloquent l'accès à tous ceux qui ne sont pas munis d'une clé officielle permettant de les ouvrir. Le hic? Bien que bénéficiant de protections sur les côtés pour empêcher toute intrusion, ces portiques s'avèrent aisément franchissables pour quiconque n'a pas une jambe de bois. Joignant le geste à la parole, Jean-Marc (*), un autre plaisancier et habitué du quai d'Ouchy, en fait la démonstration avec une étonnante facilité (notre photo). «Le pire, ajoute ce dernier, c'est que seules quelques portes bénéficient de ce «filet» de sécurité, les autres n'en ont même pas. Il est donc encore plus facile de se glisser sur le ponton. On dit que ça a coûté quelque 450'000 francs, eh bien c'est 450'000 francs jetés à l'eau!» Ceci d'autant plus, autre constat également fait par certains plaisanciers, que ces portes «automatiques», une fois ouvertes, se refermeraient très mal. Conséquence: la plupart du temps, elles demeurent entrouvertes... une situation qui permet à tout un chacun de se glisser aisément sur les pontons.

Pas de Fort Alamo

«Il n'a jamais été question de transformer les pontons d'Ouchy et de Vidy en Fort Alamo, rétorque Olivier Français, mais de prévenir certains excès dans une zone touristique et de villégiature à forte affluence. Ces portiques se veulent avant tout dissuasifs». Le municipal en charge des Travaux tient ainsi à rappeler que ces installations ont été mises en place au terme d'une large et difficile concertation avec les associations locales qui ne partageaient pas forcément les mêmes intérêts. Il souligne également qu'il convenait, dans ces zones particulières, d'élaborer un projet de qualité, notamment en termes visuels, afin d'éviter de les transformer en prison à ciel ouvert. «Ce qu'il faut aussi savoir, ajoute le municipal, c'est que ces installations ne sont pas encore terminées et qu'il conviendra de procéder à des ajustements techniques afin qu'elles fonctionnent parfaitement. Avant de conclure: «L'accès aux pontons étant réservé à ceux qui sont muni d'une clé, tous ceux qui s'y rendraient d'une autre manière se rendraient coupables d'infraction à la loi».

(*) noms connus de la rédaction