La RTS sera-t-elle contrainte de quitter Lausanne?

MÉDIAS • Lors du lancement de l’initiative visant à diminuer la redevance à 200 francs, le directeur de la RTS a averti: en cas d’acceptation, il faudra choisir entre Genève et Lausanne. Un coup de bluff?

  • Le futur bâtiment de la RTS prévu sur le site de l’EPFL. DR

    Le futur bâtiment de la RTS prévu sur le site de l’EPFL. DR

Voilà une initiative qui fait trembler la SSR, société mère de la radio-télévision suisse. Et pour cause: si elle venait à être adoptée, elle se traduirait par une baisse drastique des ressources de l’entreprise. Lancée l’année dernière par l'UDC, l'Union suisse des arts et métiers (USAM) et les Jeunes PLR, l’initiative, intitulée «200 francs, ça suffit!» prévoit ainsi: «La Confédération perçoit une redevance de 200 francs par an, exclusivement auprès des ménages privés. Les personnes morales, les sociétés de personnes et les entreprises individuelles ne paient aucune redevance.»

Baisse des recettes

Pour tout un chacun donc la redevance passerait de 335 francs à 200 francs, une baisse substantielle pour les ménages et bien sûr… pour les recettes de la RTS. Une perspective qui on s’en doute ne réjouit pas le patron de la RTS, Gilles Marchand qui monte déjà au créneau, alors que la récolte des signatures bat son plein. Et d’avertir dans une interview accordée au journal Le Temps: «Nous n’aurions plus qu’un seul site en Suisse romande (entre Lausanne et Genève, ndlr) et il faudrait décider lequel, effectivement.» En clair si le peuple venait à voter en faveur de l’initiative, le site de la RTS à Lausanne pourrait bel et bien être remis en question.

«La question de savoir quel site serait conservé et selon quelles modalités est aujourd’hui prématurée, explique Sibylle Tornay, porte-parole de la SSR. Il est aujourd’hui trop tôt pour définir des scénarios détaillés dans le cas où l’initiative «200 francs, ça suffit» devait être acceptée. Quoi qu’il en soit, cette dernière prévoit, outre la baisse du montant de la redevance, la suppression de la redevance des entreprises. L’impact sur l’offre de programmes liés à ces diminutions entraînerait également une baisse des recettes commerciales. Avec un budget réduit de moitié environ, on assisterait à la fin d’une SSR très décentralisée, présente dans toutes les régions, le budget ne permettant plus par exemple d’opérer sur deux sites distincts en Suisse romande».

Actuellement, la RTS dispose en effet de 1200 collaborateurs à Genève et 600 à Lausanne. Une répartition théoriquement appelée à changer (900 pour chaque site), la RTS ayant décidé en 2020 de déplacer son «pôle actualités» de Genève à Lausanne, avec en prime la construction d’un centre de production d’environ 120 millions sur le site de l’EPFL à Lausanne, et dont l’ouverture est prévue pour 2025.

«Monter la pression»

Une perspective qui fait observer à une ancienne cadre de la RTS: «Avec de tels investissements, je doute que la RTS sacrifie le site lausannois, explique-t-elle. C’est sûr que l’acceptation de l’initiative par le peuple imposerait des révisions déchirantes à la RTS. Mais pour l’instant, les propos de Gilles Marchand me semblent plutôt s’inscrire dans une stratégie de communication destinée à faire monter la pression dans le cadre de la bataille qui s’annonce.»