Une mobilité apaisée? Pas vraiment!

Depuis le mois de septembre dernier, à Lausanne, la vitesse a été abaissée à 30 km/h entre 22h et 6h du matin sur quelque 60 kilomètres de voirie urbaine. Seulement voilà! Cette extension des zones 30 sème aujourd’hui la zizanie.

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Depuis le mois de septembre dernier, à Lausanne, la vitesse a été abaissée à 30 km/h entre 22h et 6h du matin sur quelque 60 kilomètres de voirie urbaine. Cette mesure, d’autres villes suisses l’ont aussi adoptée, allant pour certaines - c’est le cas de Sion et Neuchâtel notamment - plus loin encore en voulant l’imposer également durant la journée. Ce dont la Municipalité lausannoise rêve également. Et elle ne s’en cache pas! Seulement voilà! Cette extension des zones 30 sème aujourd’hui la zizanie.

Trop, c’est trop, estime ainsi le TCS qui a annoncé la semaine dernière s’opposer à la généralisation de cette limitation dans les localités, les routes principales devant, à ses yeux, rester à 50 km/h. Pour accréditer sa thèse, il se réfère à un sondage réalisé en décembre dernier par l’institut Link qui démontre que 68% des Suisses disent «non» à une telle restriction générale, de même qu’une majorité (55%) rejetterait aussi la règle des 30 km/h la nuit. Le TCS est suivi en cela par plusieurs associations dont l’USAM qui dit craindre que cette mesure restrictive en milieu urbain, associée à d’autres entraves comme la suppression massive des places de parking, prétérite le petit commerce. Les transports publics et les sapeurs-pompiers partent également en guerre contre une mesure, expliquent-ils, qui risque tout simplement de les empêcher de faire correctement leur boulot. Et que dire de la police!

Au-delà de ces craintes légitimes, ce qui est toutefois intéressant dans la proposition du TCS, c’est qu’il n’est pas contre le 30 km/h en tant que tel, mais préconise simplement que cette vitesse ne devrait être adoptée que là où c’est nécessaire, soit notamment dans certains quartiers d’habitation ou à proximité des écoles. Autrement dit, là où cela fait véritablement sens! Cette proposition, mesurée s’il en est, mériterait au moins une discussion de fond. Seulement voilà, les milieux qui veulent à tout prix imposer le 30 km/h ne veulent pas en entendre parler. C’est le cas de l’ATE qui estime qu’elle est rétrograde et va à l’encontre de l’évolution qu’on voit en Europe. Pour rester lausannois, la réaction de la municipale en charge de la mobilité, Florence Germond, est tout aussi révélatrice de cet état d’esprit. Dans les colonnes du Temps du 11 janvier, elle dit trouver intéressant que cette thématique fasse l’objet d’une grande enquête. «En revanche, les commanditaires du sondage la présentent comme ça les arrange», explique-t-elle. Avant de poursuivre: «Je relève que près de 75% des Suisses se disent favorables à un régime de vitesse à 30 km/h dans les quartiers et sur les axes secondaires, ce qui rejoint notre travail.» D’où tire-t-elle ce chiffre? Mystère. Ou peut-être d’un autre sondage qui, à l’en croire, serait donc plus fiable que celui du TCS et dont les résultats, eux, seraient bien sûr présentés sans aucune arrière-pensée idéologique.

Ce faisant, Florence Germond oublie tout de même au passage qu’en décembre dernier, le Conseil national a largement rejeté une initiative parlementaire de sa consœur socialiste Gabriela Suter qui demandait que les 30 km/h deviennent la règle en ville. Elle oublie aussi qu’une pétition munie de plus de 900 signatures réclame, à Lausanne, la réintroduction du 50 km/h… la nuit. Bref, que la fronde contre le 30 km/h se généralise. Et que refuser - ou du moins négliger - le dialogue dans ce contexte ne fera que ranimer le mécontentement d’une partie non négligeable de la population. De quoi une nouvelle fois attiser le feu et, surtout, se montrer largement en-deçà des vœux exprimés par la Municipalité elle-même en décembre dernier, de laisser place au dialogue pour une «mobilité active et apaisée» de tous les modes durant la législature 2021-2026.