Rumine, futur «Palais des savoirs»

Un musée, ça sert à quoi? A cette question, les réponses divergent. Mais pour beaucoup - une majorité?-, malheureusement à pas grand-chose! Car pour eux, un musée est souvent considéré comme un endroit figé et poussiéreux, qui ne fait que présenter des expositions et des collections d’objets d’un autre temps. Un endroit dans lequel il ne se passe rien et où on s’ennuie. Un peu, beaucoup, passionnément!

Cette vision des choses est bien sûr un peu simpliste et tient bien souvent à la simple méconnaissance, à l’éducation, aux centres d’intérêts ou simplement aux habitudes de vie. Même si, il faut oser le dire, la visite de certains musées laisse entrevoir un pan de vérité dans les critiques dont ils sont parfois l’objet. Et c’est vrai aujourd’hui encore! Pour ma part, j’aurais plutôt tendance à me référer au grand André Malraux, écrivain et homme politique visionnaire, qui voyait dans les musées «un des lieux qui donnent la plus haute idée de l’homme». Un lieu qui, au-delà de constituer des collections, de les mettre en valeur et de les transmettre, s’inscrit dans une histoire, avec un passé, un présent et un avenir. Un lieu de mémoire collective qui nous aide, nous les Hommes, à avancer.

Dans ce contexte, il faut se réjouir de voir le Canton de Vaud s’engager pour faire du Palais de Rumine un «Palais des savoirs». Donc de transformer ce vieil édifice symbole du canton du XXe siècle - il a été construit en 1902 -, en une sorte de troisième pôle muséal lausannois. Après l’Histoire en 2019, avec l’intégration du Musée monétaire cantonal au sein du Musée cantonal d’archéologie et d’histoire et «Plateforme 10» et son «quartier des arts visuels et plastiques» l’année dernière, voilà donc ce futur «Palais des savoirs» appelé à devenir, en plein centre-ville, un «quartier des Sciences» qui accueillera un tout nouveau Muséum cantonal des sciences naturelles avec le regroupement, en une seule entité, du Musée de géologie et de zoologie et des Musées et Jardins botaniques cantonaux. Un site de découverte, de rencontre et de dialogue. Coût de l’opération: entre 40-50 millions. Une somme conséquente, mais qui ne va pas bouleverser les finances du Canton qui continue ainsi d’afficher une politique culturelle et muséale ambitieuse.

La nouvelle est bonne. Bonne pour le canton, et tout particulièrement pour Lausanne qui pourrait voir son attractivité décuplée si l’on songe, notamment, qu’avec une collection de 6 millions d’objets, cette nouvelle structure formera le troisième fonds le plus important en Suisse. Restera ensuite à développer cet ensemble pour qu’il puisse conquérir un nouveau public, notamment cette partie de la population qui ne va plus au musée aujourd’hui. Car dans le fond, le vrai défi est là. Face un public de plus en plus exigeant, qui déserte les musées et croit souvent trouver toutes les réponses à ses questions sur le web, ces nouvelles entités devront réaffirmer leur rôle d’experts. Sans pédanterie, en faisant preuve de créativité, en suscitant de l’envie et de l’émotion et en stimulant les sens. Tout un programme, qui semble en tous cas bien parti, ici à Lausanne, au regard de ce que nous offre le MCBA depuis son ouverture et l’exposition «Froid» qui a pris ses quartiers... au Palais de Rumine.