Polémique: une baffe qui laisse songeur

Notre chroniqueur s'interroge: le temps de la décence ne devrait-il pas commencer pour certains parents qui, au lieu de considérer leur progéniture comme des petits rois, devraient d’abord leur apprendre les règles du respect et de la bienséance? 

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L’affaire a défrayé la chronique. Et suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. C’était, souvenez-vous, il y a une dizaine de jours. La presse quodienne relatait un fait divers plutôt inhabituel qui s’était passé à Genolier, où un professeur avait «pété les plombs» et asséné une violente gifle à un élève de 14 ans prénommé Marc. Ce dernier avait dû être pris en charge par l’infirmière scolaire avant que ses parents l’emmènent aux Urgences pour un contrôle. Diagnostic: une cloison nasale légèrement déplacée et des nausées. Conséquences: l’enseignant est mis à pied pour une attitude jugée «inacceptable» par sa hiérarchie et les parents exigent au minimum des excuses et menacent de porter plainte.

A la lecture de ce compte-rendu, difficile, de prime abord, d’imaginer une autre issue. Ce qui est toutefois gênant dans cette affaire, c’est qu’on ne connaît pas objectivement les faits, ni le contexte exacte à l’origine de cet événement. Selon les premiers éléments, plusieurs enfants, parmi lesquels Marc, chahutaient dans le couloir, quand la sonnerie de reprise des cours a retenti. Ils ont alors bloqué la porte d’une salle dans laquelle était entré un de leurs camarades l’empêchant d’en sortir. L’enseignant a forcé la porte pour libérer l’enfant enfermé. Il aurait vu rouge, s’en prenant au premier élève devant lui, en l’occurrence Marc. Dont acte! En attendant de nécessaires éclaircissements!

Ce qui n’empêche pas un constat plus global. Cet événement n’est que le dernier en date qui illustre la violence en milieu scolaire. A des degrés divers, aucune école n’y échappe. Souvent, celle-ci se passe entre élèves eux-mêmes. Plus rarement entre un élève et un prof. Des profs qui, soumis au chahut, aux retards systématiques ou encore aux cours perturbés, craquent de plus en plus souvent. Ils se sentent désarmés face à des élèves tout-puissants, dont nombre de parents n’assument plus aucun travail éducatif. Il y a peu encore - j’ai connu cela - quand un élève rentrait à la maison et se plaignait à son père du fait que son maître l’avait puni et lui avait tiré les oreilles, le papa en remettait une couche. Autre époque, autres mœurs! Aujourd’hui, à défaut de s’interroger sur l’éventuel degré de culpabilité de son gosse - à ne pas exclure d’emblée dans le cas de Genolier -, on crie tout de suite au scandale, on demande la démission du prof, on menace de porter plainte, voire - c’est arrivé aussi dans certains cas -, on l’agresse physiquement. Le temps des châtiments corporels est révolu. Et c’est tant mieux! Le temps de la décence devrait donc commencer pour certains parents qui, au lieu de considérer leur progéniture comme des petits rois, devraient d’abord leur apprendre les règles du respect et de la bienséance. Ce qui éviterait sans aucun doute, certains types de débordements.