La polémique de la semaine: Dioxines, plus jamais ça!

La Municipalité en place n’est pour rien dans la catastrophe actuelle. Elle la subit. Mais au-delà des solutions qu’elle devra rapidement trouver pour régler le problème, elle doit veiller aussi à ce que celui-ci ne se reproduise plus jamais!

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Ce sont des chiffres et une carte que la Municipalité de Lausanne aurait sans doute préféré ne jamais voir: ceux et celle qui ont accompagné les conclusions de l’enquête réalisée par l’État de Vaud sur la pollution aux dioxines touchant la région lausannoise. Une carte et des chiffres accablants qui démontrent clairement que l’ensemble de la capitale vaudoise est concernée, même si certains quartiers sont plus touchés que d’autres, comme ceux de La Sallaz, de La Borde, la colline de Sauvabelin, mais aussi les bords du lac. Sans parler d’autres communes avoisinantes. Là, la terre est lourdement contaminée, des lieux d’accueil pour enfants sont touchés, des collèges et des places de jeux aussi, sans parler des nombreux jardins familiaux qui pullulent dans ces zones.

Un désastre écologique et sanitaire! Car, comme le rappelait l’écotoxicologue et professeure à l’Université de Lausanne Nathalie Chèvre, sur les ondes de la RTS le 11 octobre dernier, les dioxines sont des substances très dangereuses sur le long terme. Elles sont bio assimilables. Elles se concentrent dans l’organisme et sont cancérigènes. Dans la dernière édition du Matin Dimanche, une Lausannoise qui habite au cœur de la zone contaminée faisait part de sa vive inquiétude en apprenant que les œufs du poulailler de son jardin, qu’elle mange depuis 10 ans, sont toxiques… comme les légumes de celles et ceux qui cultivent leur petit lopin de terre dans le coin. Un léger vent de panique souffle sur la ville et on sent la Municipalité désemparée. Elle a bien tenté de prendre les devants en annonçant une série de mesures de précaution d’usage et d’accès, sans savoir toutefois quoi faire exactement, et ne pouvant légalement décider de fermer des lieux ou d’en interdire l’accès, le Canton et la Confédération étant compétents en la matière.

Les investigations en cours pointent du doigt les fumées de l’ancienne usine d’incinération du Vallon, dont l’activité a été stoppée en 2005. On a peine à le croire aujourd’hui, mais durant quelque 50 ans, des «bruchons», ces petits résidus de déchets consumés s’échappaient de sa cheminée et noircissaient le linge suspendu aux balcons alentour alors que les ordures ménagères étaient épandues dans les champs ou étaient utilisées pour assainir les marais de Vidy, l’actuel parc du Bourget, ou combler la vallée du Flon. On croit rêver!

La Municipalité en place n’est pour rien dans la catastrophe actuelle. Elle la subit. Mais au-delà des solutions qu’elle devra rapidement trouver pour régler le problème, elle doit veiller aussi à ce que celui-ci ne se reproduise plus jamais! En avril 2012, dans les colonnes de Lausanne Cités, certaines voix s’élevaient pour remettre en question la validité des mesures des substances émises dans l’atmosphère par l’usine Tridel, celle qui a justement remplacé l’usine du Vallon en 2006. L’Association pour la sauvegarde du Vallon du Flon avait alors fait parvenir une multitude de courriers aux autorités pour obtenir des précisions quant aux nuisances occasionnées par le fonctionnement de celle-ci, n’hésitant pas à remettre en question les méthodes de mesure de la qualité de l’air autour de son site et dénonçant les «odeurs pestilentielles» qui s’en échappaient ainsi que les «poussières grossières et noires» déposées sur certains balcons. Tiens, tiens!

Toutes ces allégations avaient eu le don de susciter l’indignation de Stefan Nellen, président du conseil d’administration de l’usine, qui avait récusé en bloc toutes les accusations portées et affirmait: «Tridel est 21 fois plus propre que celle qui existait auparavant à Lausanne!» Au vu de ce qu’on découvre aujourd’hui, on espère juste qu’il disait vrai !